Après le discours de Macron

Vous êtes au courant? Après le beau discours que nous a offert gratuitement le beau président bien aimé de notre belle république, des représentants des divers courants politiques vinrent se chamailler dans mon poste de télévision, à moi, que j'ai payé avec mes sous. Et tandis que les uns chantaient ses louanges, d'autres chantaient d'autres chansons. C'est normal, me direz-vous, car chacun a bien le droit d'avoir son opinion. Vous me direz même que la diversité d'opinion évite l'horreur de la pensée unique! Oui, bien sûr, mais pour irriter tout le monde en faisant du Régis Ducon Lajoie la Marée Monte, il me suffit de répondre à cela que la réalité étant ce qu'elle est, elle n'est pas autrement, car si elle était autrement, elle ne serait pas ce qu'elle est. Du coup, quand deux personnes discutent de la réalité et que chacune présente une version contradictoire de ce qu'est la réalité, et de ce qu'il y a lieu de faire en fonction de la réalité, la réalité étant ce qu'elle est, et n'étant pas autrement, car si elle était autrement, elle ne serait pas ce qu'elle est, il y a au moins une de ces deux personnes qui raconte des bêtises ou des mensonges, ou les deux à la fois. Vu qu'ils étaient au moins cinq à se contredire au cours de cette émission, je vous laisse imaginer le nombre de bêtises et de mensonges que, suivant la logique indéniable que je viens d'exposer impitoyablement, ils ont inévitablement racontés en se contredisant les uns les autres. 

D'autant plus qu'un vieux monsieur représentant le camp Macron affirmait qu'il faut diminuer les charges des entreprises pour favoriser la création d'emplois, tandis qu'une belle madame du camp Mélenchon affirmait que des investisseurs étrangers investissent chez nous, ce qui prouve que ça rapporte d'investir chez nous, et que puisque ça rapporte, il faut augmenter le taux de prélèvement, au lieu de le diminuer! Na! Les téléspectateurs apprécièrent certainement la magnifique passe d'armes à laquelle se livrèrent ces personnages, mais il est bien évident que, puisque la réalité ne pouvant être que ce qu'elle est, car si elle était autrement, elle ne serait pas ce qu'elle est, il y a inévitablement une de ces deux personnes qui racontait des bêtises, ou des mensonges, ou les deux à la fois. Pas vrai? Mais nos politicards parlent si bien qu'on peut dire d'eux ce que Coluche disait des technocrates. "Un technocrate, disait-il, c'est un mec que tu lui poses une question, et quand il a fini de répondre à ta question, tu comprend plus la question qu't'as posée." Mes bien chers frères, mes bien chères soeurs, et les autres, au lieu de faire comme nos politicards qui parlent comme les technocrates de Coluche, je propose de poser une nouvelle fois quelques questions simples auxquelles nous allons répondre de manière simple, juste histoire d'agacer tout le monde. Mais peut-être aussi pour y voir plus plus clair.

Quand, dans un pays, on crée assez d'entreprises offrant assez de travail pour tout le monde, est-ce que tout le monde a du travail? Oui, ou non?

Quand créer une entreprise rapporte assez pour que tout le monde ait envie de créer son entreprise, est-ce que tout le monde a envie de créer son entreprise, y compris le camarade travailleur qui n'a pas de travail, et celui qui a un mauvais travail mal payé? Oui, ou non?

Quand créer une entreprise rapporte assez pour que tout le monde ait envie de créer son etreprise, est-ce que cela rapporte assez pour que tout le monde trouve les moyens de financer la création de son entreprise en empruntant les fonds nécessaires à un organisme financier, parce que si ça rapporte assez, le créateur d'entreprise pourra à coup sûr rembourser, en payant des intérêts suffisants pour compenser l'inflation et pour financer le travail fournit pas l'organisme financier qui prête l'argent nécessaire à l'investissement? Oui, ou non?

Quand embaucher du personnel pour faire un travail bien payé rapporte assez pour que les entreprises aient envie d'embaucher du personnel bien payé pour faire un bon travail bien payé, est-ce que les entreprises ont envie d'embaucher du personnel bien payé, pour faire un travail bien payé? Oui, ou non?

Quand embaucher du personnel bien payer rapporte assez pour que les entreprises aient les moyens d'embaucher le personnel qu'elles ont envie d'embaucher parce que ça rapporte assez d'embaucher pour qu'elles aient envie d'embaucher, est-ce que les entreprises ont les moyens d'embaucher le personnel qu'elles ont envie d'embaucher? Oui, ou non?

Si vous avez encore quelques questions dans le même genre, n'hésitez pas à les rajouter à celles que je viens de poser. Et après avoir répondu simplement et honnêtement à ces questions, vous comprendrez que si nous n'avons pas le plein emploi, c'est parce que nous n'avons pas assez d'entreprises offrant des emplois pour faire un travail qui rapporte de quoi financer les coûts de production de ce travail, ainsi que, dans des délais raisonnables et de façon mesurable, de quoi rembourser l'investissement avec des intérêts suffisants pour compenser l'inflation et pour financer le travail fourni par l'organisme financier auquel on a recours pour financer l'investissement et, en plus, procurant un bénéfice net suffisant pour que tout le monde puisse et ait envie de prendre le risque de créer son entreprise. Tout cela bien compris, il se pourrait que nous comprenions du même coup ce qu'il y a lieu de faire pour avoir le plein emploi, et que nous jugions que les membres de notre classe politique ne sont bons qu'à se contredire au cours de vaines joutes oratoires et que, ce faisant, puisque la réalité est inévitablement ce qu'elle est, car si elle était autrement, elle ne serait pas ce qu'elle est, ils ne peuvent que raconter des bêtises et des mensonges en se contredisant sur ce qu'il y a lieu de faire compte tenu de la réalité qui est bel et bien ce qu'elle est, quoi qu'en disent les uns et les autres. 

Evidemment, je me garde bien de demander qui, du vieux monsieur ou de la belle madame dont il est question plus haut, raconte des bêtises ou des mensonges, ou les deux à la fois, car ce serait un manque de galanterie impardonnable.

Je me demande si, par hasard, Coluche n'avait pas raison quand il disait: "Il paraît qu'on est cernés par les cons. C'est vrai, mais on se rend pas compte à quel point."

Régis Ducon Lajoie la Marée Monte

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Bise