Un nouveau média

Vous êtes au courant? J'ai perdu l'habitude de regarder la merveilleuse émission du samedi soir présentée par Ruquier et intitulée: On n'est pas couché. Vous me direz que c'est dommage de ne pas profiter du spectable grandiose qu'offre ce chef d'oeuvre télévisé, et vous aurez raison, mais comme j'ai fini par le trouver de plus en plus tarte, ce chef d'oeuvre télévisé, j'ai décidé d'aller me coucher plutôt que de dormir inconfortablement affalé devant mon poste de télévision diffusant les images de "On n'est pas couché". C'est pourquoi je vous prie de me croire quand je dis que c'est uniquement par inadvertance que j'ai zappé sur ce truc dans la nuit du 20 01 2018, juste au moment où Miller et une copine à lui s'installaient dans le fauteuil pour se soumettre à l'interrogatoire poussé des deux tortionnaires en titre de l'émission. Tout ça parce qu'ils se vantent d'avoir créé un média libre et indépendant, très différent de la majorité des autres. Et moi, je fus tellement ému d'apprendre ça, que j'en ai eu les larmes aux yeux. A tel point que ma femme a cru que j'avais fait pipi sur le canapé. 

Naturellement, nous ne pouvons que nous réjouir de la création d'un média libre et indépendant, à la condition que ce média libre et indépendant fasse mieux que les autres qu'il critique, surtout dans le domaine de l'honnêteté intellectuelle. Honnêteté intellectuelle indispensable pour faire mieux que ceux qu'on accuse de manquer d'impartialité et d'objectivité, c'est à dire ceux qu'on accuse de manquer d'honnêteté intellectuelle, et peut-être même pire que ça. Hélas, alors que j'étais déjà convaincu, le Miller a cru bon d'indiquer que les médias habituels notent rapidement que la situation est dramatique au Vénézuéla, puis que c'est une dictature, et passent à autre chose. Cela est intolérable, a-t-il ajouté! Et comme si cela ne suffisait pas, il a admis qu'on peut faire des reproches à Cuba à propos de la persécution des homosexuels, mais que les médicaments y sont gratuits, et qu'il faut voir ce qu'il y avait avant, tandis que sa copine crut bon d'affirmer que la situation est bien plus préoccupante pour les enfants du Yemen, et qu'il faudrait d'abord s'occuper du Yemen. Imaginez ma surprise en voyant ces deux personnes critiquer les autres médias qui sont certes fort critiquables, et qui, leur truc à peine commencé, font pareil que les autres qu'ils critiquent, si ce n'est pire!

En effet, ce n'est pas parce que la situation est pire au Yemen, qu'elle n'est pas intolérable au Vénézuéla. Ce n'est pas non plus parce que le dictateur criminel précédent était pire, que son successeur dictateur criminel, n'est pas un criminel. Et dans le cas de Cuba, il y a de quoi se demander qui, de Batista ou de Castro fit le plus de victimes. Pour commencer, si Miller et sa copine veulent vraiment faire quelque chose d'honnête, ils devraient répondre à la question que j'ai posée il n'y a pas bien longtemps sur ce blog, à savoir où sont passées les entreprises qui, à l'époque de Chavez, produisaient à un prix supportable de quoi pourvoir aux besoins du peuple vénézuélien? Elles se sont évaporées? Non, elles n'ont jamais existé, Chavez ayant mené une politique dissuadant quiconque d'entreprendre ou d'investir au Vénézuéla et dilapidant la manne du pétrole, qu'il distribuait généreusement à des pays amis comme Cuba. Et c'est cette politique qui fait que le Vénézuéla manque de tout, parce qu'on n'y produit rien. Avant Chavez et sa révolution bolivarienne, c'était l'horreur, et grâce à Chavez, après Chavez, c'est l'horreur d'une dictature qui n'a rien résolu, mais il ne faut pas le dire, car ça choque le pauvre Miller qui trouve intolérable qu'on le dise.

Quant à Cuba, tout en reconnaissant que tout n'est pas parfait dans ce pays, des gens comme Miller et sa copine nous ont souvent vanté les mérites de son régime grâce auquel, entre autres choses, les soins sont gratuits. Oui, mais là encore, nous remarquons que les oeillères dogmatiques que portent des gens pareils les empêchent de voir que les soins sont gratuits à Cuba, certes, mais que son système de santé en pleine liquéfaction, faute de moyens, est incapable d'offrir des soins de qualité. Et, là encore, où sont les entreprises, privées, ou d'Etat, produisant de quoi pourvoir aux besoins des Cubains, et de quoi exporter pour compenser les importations? Si bien que cette dictature, dont les mérites sont si bien chantés par certains, n'a réussi à offrir que bien peu à son peuple qui stagne depuis des dizaines d'années dans la misère, ou tout près de la misère, n'a cessé de vivre aux crochets d'autres Etats, URSS, puis Vénézuéla, car ses dirigeants, aveuglés par leurs dogmes, furent capables de commettre bien des crimes pour réprimer toute opposition, mais furent incapables de mener une politique procurant la prospérité à leur peuple. Et ce n'est pas parce que c'est pareil ou pire ailleurs que c'est moins grave à Cuba. Pas vrai? 

Mais, nous dira-t-on, cette île ne dispose pas de ressources naturelles. Certes, mais les Pays-Bas non plus, ne disposent pas de ressources naturelles. Ils n'ont même pas assez d'espace pour loger une population tellement nombreuse par rapport à la surface de ce pays, que c'est le pays qui a le plus grand nombre d'habitants au kilomètre carré au monde. Et pourtant, les habitants des Pays-Bas jouissent d'un niveau de vie et de libertés dont n'osent même pas rêver les Cubains. Mais ça, il ne faut pas le dire à Miller, ni le signaler à travers d'autres médias, ça le mettrait en colère.

Et avec tout ça, je me demande comment il ose critiquer les autres! Est-ce par bêtises, par crétinerie, ou est-ce un immonde pourri? Vous me rassurerez si jamais vous pouvez m'expliquer que ce n'est ni l'un ni l'autre, mais que, au contraire, c'est autre chose d'honorable. Hélas, pour l'instant, je me demande.......

Et je me demande également si, par hasard, Coluche n'avait pas raison quand il disait: "Il paraît qu'on est cernés par les cons. C'est vrai, mais on se rend pas compte à quel point."

Régis Ducon Lajoie la Marée Monte

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Bise.