Le cadeau

Vous êtes au courant? Il paraît qu'on n'aura bientôt plus les moyens de payer les retraites des cadres. C'est extrêmement gênant, car ce sont des gens qui ont cotisé pendant des années, et souvent pendant des dizaines d'années, et auxquels on a promis, en échange de leurs cotisations, de leur offrir une retraite confortable. Si les promesses ne sont pas tenues, il y a escroquerie, et si vous vous permettiez d'agir de la sorte, vous vous retrouveriez derrière les barreaux. Que va nous proposer François pour résoudre ce problème? Va-t-il estimer que les cadres n'ont pas à recevoir ce qu'on leur doit? Va-t-il proposer de diminuer le montant des retraites des cadres? Va-t-il les obliger à travailler plus longtemps? Mais, s'il choisit cette dernière option, pourquoi la trouverait-il valable pour les cadres, dont certains sont soumis à des conditions de travail extrêmement pénibles, alors qu'il a crié au scandale quand Nicolas a choisi cette solution pour le régime général?

D'ailleurs, notre Président a tellement crié son désaccord que, comme il l'avait promis, il a partiellement et symboliquement rétabli la situation antérieure.

Et il n'est peut-être pas mauvais de se demander où nous en serions si Nicolas n'avait pas fait ce qu'il a fait. 

Avant la campagne électorale au terme de laquelle il a été élu Président de notre belle République, Nicolas avait dit qu'il n'avait pas l'intention de toucher aux retraites, parce que cela ne s'imposait pas dans l'immédiat et, comme nous le savons tous, il s'est appliqué à nous faire travailler un peu plus longtemps. Pourquoi? Parce que c'est un menteur? Reconnaissons qu'il lui aurait été plus facile de déclarer :"J'ai dit que je n'y toucherai pas! En homme d'honneur qui n'a qu'une parole, je tiens parole! J'ai dit que je n'y toucherai pas, et je n'y touche pas!" Oui, cela aurait été beaucoup plus facile mais, entre-temps, la crise était passée par là, et Nicolas savait que nous risquions de perdre le triple AAA. Voilà pourquoi il s'est démené comme un beau diable et a pris des mesures impopulaires. Mais nous risquions tellement de perdre le triple A, que nous l'avons quand même perdu, et François II et ses amis en profitèrent pour se gausser  d'autant plus de Nicolas que cela n'empêche pas la France d'emprunter l'argent dont elle a besoin pour augmenter sa dette à un taux acceptable. Donc, peut-on conclure, les coupures dans différents budgets et l'ensemble des mesures adoptées par Nicolas pour réduire les déficits n'avaient aucun sens. Peut-on vraiment affirmer cela? Sait-on ce qui se serait passé sans cela? Est-ce que, après avoir perdu le triple A, la France aurait encore trouvé du crédit à un taux acceptable? Est-ce que ce ne serait pas François qui, le couteau sous la gorge, serait aujourd'hui obligé de nous faire travailler plus longtemps. Et cela ne s'arrêterait probablement pas là. Si les organismes financiers qui prêtent votre argent et le mien, c'est-à-dire celui de votre compte courant et de votre épargne, perdent confiance, ils ne prêtent plus qu'à un taux qui couvre le risque. Au regard de l'ensemble de notre économie, des déficits accumulés dans tous les domaines, du manque de compétitivité de nos entreprises, au petit nombre qui s'en crée, sans les mesures adoptées par Nicolas, nos créanciers auraient en effet peut-être déjà pris peur, et c'est ce qui risque d'arriver demain. Naturellement, François et ses amis diront que c'est de la faute des banques si nous sommes en faillite. Mais en attendant, la réforme des retraites appliquée par Nicolas, ainsi que d'autres mesures, sont peut-être bien un beau cadeau que l'ancien Président a fait à François et à ses amis. Il se trouve même des journaux de gauche qui finissent par se poser la question, ce qui, comme on dit de nos jours, m'interpelle.  

Je me demande si, par hasard, Coluche n'avait pas raison quand il disait :"Il paraît qu'on est cernés par les cons. C'est vrai, mais on ne se rend pas compte à quel point."

Régis Ducon Lajoie la Marée Monte