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Régis Ducon Lajoie la Marée Monte
28 juillet 2015

Cette fois, ça y est!

Vous êtes au courant? Cette fois, ça y est, ils sont d'accord. Ce fut long et douloureux mais, si j'ai bien compris, ils ont obtenu quelques euros de plus pour 1000 litres de lait. Avec ça, ils vont vite devenir milliardaires! Non? Mais il a fallu 7 ou 8 mois de négociations acharnées et le blocage des routes pour en arriver là, rien que pour le lait. Vous n'allez peut-être pas le croire, mais ils se seraient mis d'accord là-dessus au bout de quelques jours, voir même au bout de quelques minutes, sans bloquer les routes, ils seraient arrivés au même point, sans avoir passé autant de temps à discutailler, et sans bloquer les routes. Ce qui, avec cette puissance de raisonnement qui me caractérise, m'amène à conclure que ces 7 ou 8 mois de discutions et le blocage des routes pour en arriver là étaient totalement inutiles, voir même une ânerie monumentale, puisqu'il leur aurait suffi de se mettre d'accord tout de suite au lieu de se mettre d'accord au bout de 7 ou 8 mois de négociations et après le blocage des routes, pour obtenir le même résultat. Si vous ne comprenez pas bien ce que je viens d'expliquer, rassurez-vous, moi non plus. Mais ce qui est sûr, c'est que ces affrontements sont une vieille tradition française qui nous coûte hélas cher, à nous, les plébéiens de ce pays.

Contrairement à ce qui se passait dans des pays voisins, quand des ouvriers se mettaient en grève chez nous, au prétendu pays des droits de l'homme, on leur envoyait la troupe. Il fallut attendre 1936 avec le Front populaire, pour que les ouvriers pussent faire grève et occuper leur lieu de travail sans se trouver face à l'armée, mais l'affrontement resta la base des rapports entre ce qu'on appelle (avec humour?) les partenaires sociaux français. Tout ça à cause des révolutionnaires! En effet, avant la révolution, nous avions de nombreuses confréries et le compagnonnage. Ces organisations défendaient les intérêts de leurs membres face, entre autres, aux patrons. Mais les révolutionnaires interdirent ces organisations dont dépendaient leurs membres, pour sauvegarder l'indépendence des membres de ces organisations, ce qui ne fut pas le cas chez nos voisins. Ainsi, dans d'autres Etats européens tout n'était certes pas rose, mais la classe ouvrière de ces pays avait cependant ses défenseurs corporatistes, ce qui conduisait plus ou moins au dialogue, tandis que, malgré la démocratie rélative qu'on avait instaurée chez nous, le travailleur français se trouvait seul face à l'Etat et au patronat. On comprend facilement pourquoi le patronat et les autorités ne se sentaient aucunement poussés à dialoguer et à négociatier avec des individus qui se trouvaient, eux, obligés de se défendre individuellement. Au contraire, on voit tout de suite pourquoi cela conduisant plutôt à réprimer les mouvements collectifs interdits. Une fois l'habitude de l'affrontement systématique prise, l'habitude étant une seconde nature, nous ne savons plus rien résoudre autrement. Il y a certes parfois de tels affrontements chez nos voisins, mais je me souviens que quand j'étais jeune et que je voyageais beaucoup, nous étions considérés comme les champions du monde toutes catégories de la grève et du trouble social. Cela nous faisait passer pour des paresseux, des bons à rien, des râleurs qui n'en avaient jamais assez, et pour un peuple indiscipliné dont il n'y avait rien à espérer, alors que les Français travaillaient en réalité beaucoup plus que les autres, avec un taux de productivité parmi les meilleurs.  

Le Pen est un jour venu dans mon poste de télévision pour dire: "La grève est un moyen achaïque et onéreux. Il doit y avoir d'autres moyens de résoudre les problèmes." Je veux bien, moi, mais le problème, c'est qu'il n'a pas dit comment il veut les résoudre, les problèmes. Que ferait-il? Supprimerait-il le droit de grève? Et si des gens se mettaient quand même en grève, que ferait-il? Il enverrait les chars? Je veux bien, moi, mais à la condition que ce soit le peuple souverain qui en décide. Et là, ceux qui ont l'habitude de me lire excuseront mon rabâchage nécessaire, car je dois rappeler une fois encore ce qui va suivre. Le peuple souverain, ça veut dire la majorité du peuple, et la majorité du peuple, ça commence à la moitié, plus une personne. C'est pourquoi je propose qu'on puisse avoir recours au référendum pour régler les problèmes démocratiquement. Pour cela, dans tous les cas, le préavis serait obligatoire. Ensuite, les choses pourraient se passer comme maintenant mais, à la demande de n'importe lequel des partenaires sociaux (représentants d'une corporation, membres du personnel, des élus, du patronat, du gouvernement, tout cela restant à définir clairement) le référendum pourrait être provoqué. Dès l'annonce du référendum, la situation devrait être "gelée". C'est à dire que l'utilisation de ce que de Closet à appelé le pouvoir de nuisance devrait cesser ou ne pas être mis en oeuvre, le travail devrait reprendre ou ne pas s'arrêter, l'action du patronat objet du litige devrait être stoppée, tout comme l'action du gouvernement dans les cas où elle serait la cause du conflit. Naturellement, ces principes devraient être appliqués d'une manière adaptée à tous les types de conflits. Puis, après une courte campagne, en utilisant les moyens modernes pour que cela ne coûte pas plus au citoyen que de mettre une lettre à la poste, tout en offrant un maximum de garanties, le citoyen se prononcerait. Evidemment, puisque lorsqu'on est démocrate, on doit respecter la volonté du peuple souverain, tous ceux qui s'opposeraient à la volonté du peuple souverain et au bon fonctionnement du système seraient passibles de sanctions, non pas proportionnées, mais tellement disproportionnées, que pas même en rêve. Cela coûterait cher, me dira-ton. Au contraire, répondrai-je. Réfléchissez bien, et vous comprendrez que nous ferions de sérieuses économies, et vous comprendrez même pourquoi.    

Je me demande si, par hasard, Coluche n'avait pas raison quand il disait: "Il paraît qu'on est cernés par les cons. C'est vrai, mais on se rend pas compte à quel point."

Régis Ducon Lajoie la Marée Monte                                                     

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