Accord historique

Vous êtes au courant? Obama a réussi à se mettre d'accord avec les Iraniens. Et c'est ça, qu'on appelle un évènement historique. Vous le saviez déjà? Au train auquel on vous abreuve d'informations que vous n'avez pas le temps de digérer, dans votre esprit, c'est même probablement déjà de l'histoire ancienne. Oui, mais c'est sans doute pour ça qu'il faut y revenir, afin de poser quelques bonnes questions. Est-ce Obama qui s'est mis d'accord avec les Iraniens, ou est-ce que ce sont les Iraniens qui se sont mis d'accord avec les Américains? Et, d'un côté comme de l'autre, à quel prix? On nous dit souvent qu'un mauvais accord vaut mieux que pas d'accord. D'accord, mais ça voudrait dire que le Traité de Munich valait mieux que pas d'accord? Je ne sais pas si les victimes que fit cet accord seraient vraiment d'accord avec une telle affirmation. Et sans trop gâcher la fête médiatique à laquelle participent avec entrain les journalistes analystes et autres spécialistes, je vais vous présenter quelques principes tirés du cours de sciences politiques et diplomatiques de la maternelle première année.

Celui qui est aimable avec tous, a plus de chances d'être aimé de tous. Mais j'ai beau être aussi aimable que possible avec tous, je peux quand même être détesté par d'autres qui, eux, ne sont pas aimables. Et, ces pas aimables peuvent même être des ennemis mortels, qui me détestent à mort. Dans ce cas, voir même dans tous les cas, on comprendra sans doute que la plus belle victoire n'est pas celle qu'on obtient en combattant, mais celle obtenue par une si grande bonté, que mon ennemi devient un ami, car un ami vaut mieux qu'un ennemi vaincu, mais qui reste un ennemi. Toutefois, à moins d'être un crétin absolu, on comprend aussi que je peux couvrir mon ennemi de mes bontés, sans qu'il cesse d'être un ennemi mortel. Par conséquent, aussi bon que je sois pour amadouer mon ennemi, je ne dois jamais lui permettre de se trouver en position de force. JAMAIS, SOUS AUCUN PRETEXTE! Vous comprenez pourquoi?

Les Européens commencèrent par priver ces régions de liberté en les colonisant, ce qui n'est pas ce qu'il y a de mieux pour se faire aimer. Si on voulait, on pourrait certes dire que, au contraire, en les colonisant, les Européens libérèrent ces régions de la domination des Turcs, qui les avaient déjà brutalement colonisées depuis longtemps, mais cela paraîtrait bien trop osé. A la place, il est convenu de dire que les colonisateurs européens privèrent ces pays de leur indépendance en les colonisant, ce qui ne nous fait donc pas aimer. Puis, alors que l'indépendance ne leur avait pas encore été accordée, les habitants de ces régions virent déferler des ribambelles d'Européens qui dirent: "Nous revenons chez nous, pour créer un Etat à nous, chez nous, sur la terre de nos ancêtres juifs, que Dieu a donné à nos ancêtres juifs." Or, vous ne pouvez pas l'ignorer, les ancêtres de ces juifs s'étaient installés en Europe depuis plus de mille ans. Si cela n'avait pas été le cas, ils n'y auraient pas été persécutés depuis presque mille ans. Et là, ils ont beau être gentils, les gens de ces régions ont bien le droit de demander de quel droit ces Européens depuis plus de mille ans se permirent de créer un Etat hébreu sur ces terres musulmanes. C'est Dieu qui les avait données à leurs ancêtres? Reconnaissez que, celle-là, si vous n'êtes pas croyant, ou si vous êtes croyants autrement, vous ne  la croyez pas. Ou alors, si on commence à se permettre de croire, vous pourriez tout aussi bien croire que Dieu avait eu bien raison de les leur confisquer pour les donner aux Musulmans plus méritants, parce qu'ils se cognent la tête par terre pour prier, au lieu de se la cogner contre un mur.  

Apparemment, les Juifs et les occidentaux n'ont pas l'air de vouloir comprendre ce que je viens d'expliquer. C'est dommage et dangereux. En effet, en faisant la somme de tout ça, je ne vois pas ce qui pourrait faire déborder les Iraniens d'amour pour les occidentaux, et ce qui pourrait leur faire accepter de bon coeur l'Etat d'Israël. Je vois au contraire pourquoi, comme certains de leurs voisins, ils ont de bonnes raisons d'être des ennemis jurés, ou de faux amis. Conclusion: essayons d'en faire des amis sincères et dévoués, mais ne les laissons surtout pas se trouver en position de force.

Je me demande si, par hasard, Coluche n'avait pas raison quand il disait: "Il paraît qu'on est cernés par les cons. C'est vrai, mais on se rend pas compte à quel point."  

Régis Ducon Lajois la Marée Monte