Govierno de progreso

Vous êtes au courant? Je regarde régulièrement des chaînes de télévision étrangères. Vous vous en moquez? C'est normal, mais vous admettrez que voir ce qui se passe ailleurs permet d'apprendre des choses qu'on n'apprend pas autrement, que ça ouvre l'esprit et, puisqu'on n'est pas concerné, on parvient à analyser les choses plus objectivement, donc d'une manière plus juste, plus honnête. Et c'est ainsi que le 23 09 2019, j'ai vu et compris des choses extrêment intéressantes au cours de l'émission: Los desayunos de RTVE. Par exemple, ils ont bien expliqué que les Espagnols vont aller voter au cours du mois de novembre prochain. Si je me souviens bien, c'est le dix novembre qu'ils iront aux urnes, pour la quatrième fois en quatre ans. Tout ça grâce à la merveilleuse proportionnelle dont quelques uns, parmi lesquels on trouve un certain Macron, veulent nous accabler. Vous voyez, que cela commence à vous intéresser?! Et ce n'est pas tout!

Naturellement, il est bien naturel que chaque candidat choisisse les mots et les formules qui ont le plus de chance de convaincre l'électorat de voter pour lui. Pas vrai? Oui mais, ce faisant, encore ne faudrait-il pas tomber dans le mensonge, la démagogie, la malhonnêteté. A moins qu'on me démontre que, au contraire, les candidats doivent y tomber dans le mensonge, la démagogie, donc dans la malhonnêteté. En attendant qu'on me démontre cela, je note que Sanchez, président du gouvernement sortant, déclare qu'il faut voter pour lui, parce qu'il veut former un gouvernement de "progreso". Soit, vous l'aurez compris, un gouvernement de progrès. C'est beau! Pas vrai? Imaginez un peu qu'il nous dise qu'il veut former un gouvernement de "regresso", c'est à dire un gouvernement de régression! En même temps, déclarer qu'il veut former un gouvernement de progreso avec la gauche, c'est une manière de prétendre que ses adversaires veulent former, eux, un gouvernement de "regreso". Vous me direz que c'est son droit, mais ses adversaires devraient-ils dire: "Votez pour nous qui sommes des regressistes qui veulent former un gouvernement de régression!"? Vous voyez le tableau? Mais jusque-là, quoi que répondent ou ne répondent pas ses adversaires politiques, tout va bien.

Le problème, c'est qu'au cours de l'émission citée plus haut, j'ai d'abord entendu la journaliste qui se trouvait tout à fait à gauche de mon écran reprendre le terme de partis de "progreso", en parlant des partis de gauche et, à peine quelques minutes plus tard, une invitée qui n'était rien d'autre que la directrice d'un organisme de sondage, ou quelque chose comme ça, en faire autant. C'était une vraie confession! En effet, qu'à force de rabâcher qu'ils sont des progressistes qui veulent former un gouvernement de progrès pour mener une politique de progrès, le parti socialiste espagnol et d'autres partis de gauche aient convaincu une bonne partie des citoyens espagnols de ce qu'ils racontent, nous pouvons le comprendre, mais qu'une journaliste analyste reprenne cela à son compte dans le cadre de son travail, au cours d'une émission présentée par une chaîne publique, c'est à dire en dehors de ce qu'on appelle le journalisme d'opinion, ça devient une véritable faute professionnelle puisque, en reprenant ces termes à son compte, elle était tout simplement en train de faire de la propagande pour les partis de gauche. Est-elle une de leurs militantes venue à cette émission pour militer en leur faveur? Si oui, elle aurait dû se présenter en tant que tel. Ou, pire encore, l'ont-ils payée? Et la faute est au moins aussi grave de la part de la directrice de l'organisme de sondages. Pas vrai? Combien ces partis politiques l'ont-ils payée, elle aussi. Ou alors, ces dames firent-elles cela gratuitement? Pourquoi? Car, n'en doutons pas, que des gens comme cette journaliste et cette directrice parlent de la sorte, a certainement une grosse influence sur le résultat des élections. Pas vrai?

Et chez nous? Ce genre de choses se produit probablement tout autant dans notre beau pays mais, aveuglés par nos idées partisanes, nous nous en rendons moins compte. Toutefois, en regardant en arrière, nous comprendrons aujourd'hui que, par le passé, il nous est arrivé d'être, nous aussi, victimes de telles manipulations médiatiques. Je vous propose un exemple mais, en cherchant bien, nous en trouverions certainement beaucoup d'autres. Dans les années soixante dix, si je me souviens bien, pour répondre à la forte concentration d'armes soviétiques concentrées dans les pays satellites, les Américains voulaient installer des fusées Pershing en Allemagne. Cela provoqua de vives protestations de la part de toutes sortes de mouvements, parmi lesquels se trouvaient des mouvements pacifistes. C'est en nous rendant compte de ces évènements qu'une journaliste déclara dans mon téléviseur à moi, que j'avais payé avec mes sous, qu'il y avait eu des heurts entre les forces de police et les pacifistes. Vous avez compris le truc? Non? Pourtant.....

Vérifiez et vous verrez que parmi les opposants à l'intallation de ces fusées, il y avait certes des pacifistes vraiment pacifistes qui croyaient, que cela fut à tort ou à raison, que l'installation de ces fusées risquaient de causer un conflt armé entre les deux grandes puissances, qui se seraient affrontées sur le sol européen. Oui, mais parmi ces manifestants, il y avait aussi des gens faisant partie de mouvements de gauche légèrement à gauche, et des mouvements de gauche, bien à gauche, et des mouvements de gauche tellement à gauche, qu'ils en devenaient dangereux. Rappelez-vous des attentats que commirent à cette époque des mouvements de gauche et de droite. Et il y avait, en plus, de simples communistes et toutes sortent de citoyens pro-soviétiques, qui s'opposaient à l'installation de ces fusées américaines, juste parce que ces gens étaient pro-soviétiques. Et, vous en conviendrez, englober tout cela sous le nom de "pacifistes" était pour le moins extrêmement osé. Pas vrai? D'autant plus que, étant donné la concentration d'armes soviétiques dont il est question plus haut, et leur répartition près des frontières, c'est bel et bien parce qu'ils étaient convaincus, que ce fut à tort ou à raison, que l'intallation de ces fusées étaient un bon moyen de protéger la paix, que de nombreux "pro-pershings" en approuvaient l'installation.

Ainsi, nommer pêle-mêle pacifistes des communistes, des pro-soviétiques et de vrais pacifistes, au lieu d'appeler ce pêle-mêle ce qu'était vraiment l'ensemble de ces gens, c'est çà dire des "anti-pershing", équivalait bel et bien à présenter les "pro-pershings" comme des anti-pacifistes, alors que c'était pour protéger la paix, eux aussi, qu'ils voulaient l'installation de ces fusées. Que ce soit par maladresse, ou par malhonnêteté, déclarer que l'ensemble des "anti-pershings" étaient tous des pacifistes et que les "pro-pershings" étaient tous des anti-pacifistes, était pour le moins de la désinformation, donc une faute professionnelle grave. Ces fautes sont-elles fréquentes en France? Laissons de côté notre esprit partisan qui nous aveugle, et surveillons bien la façon de parler de nos journalistes, et nous verrons bien. Si cela se produit, est-ce grave? Oui, être désinformés au lieu d'être informés par ceux qui prétendent nous informer, c'est toujours grave, car c'est de la manipulation, et être manipulé est toujours aussi grave, que la manipulation soit le produit de la bêtise, de l'incompétence, ou de la malhonnêté, car le résultat est le même, dans tous les cas.

Je me demande si, par hasard, Coluche n'avait pas raison quand il disait: "Il paraît qu'on est cernés par les cons. C'est vrai, mais on se rend pas compte à quel point."

Régis Ducon Lajoie la Marée Monte   

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Bise