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Régis Ducon Lajoie la Marée Monte
1 février 2014

Un peuple travailleur

Vous êtes au courant? Les médias espagnols ont récemment annoncé que le travail au noir dans leur pays représentait à peu près le quart de l'activité économique de ce beau royaume méditerranéen, ce qui veut dire que le montant des recettes perdues à cause de la fraude fiscale correspond au déficit de cet Etat.

On pense alors tout de suite à ces riches milliardaires sans scrupules qui gagnent des milliards sur le dos du pauvre peuple, et pratiquent l'évasion fiscale pour placer leur magot honteusement gagné dans des paradis fiscaux.

C'est du moins ce qui m'est immédiatement venu à l'esprit en recevant cette information, et je ne suis problement pas le seul dans ce cas. D'autant plus qu'un certain nombre d'affaires judiciaires qui ont défrayé la chronique dans ce pays nous donnent largement de quoi aller dans ce sens.

Oui, mais si on étudie la question d'un peu plus près, on constate rapidement que le travail au noir frappe davantage les zones où le taux de chômage est le plus élevé, parce que les chômeurs espagnols, loin d'être des paresseux, travaillent avec une ardeur redoublée par rapport à celle qui les anime lorsqu'ils ne sont pas chômeurs, étant donné que ça leur rapporte bien davantage puisque, en plus de ce qu'ils gagnent grâce au travail au noir, ils touchent leurs allocations chômage. 

Tout cela, vous vous en doutez, a longuement été discuté et commenté par la presse espagnole, et madame Ana Samboal, qui présente El Telediario de la Noche, a, un beau soir d'hiver, demandé à son invité ce qui pousse les camarades travailleurs à accepter un salaire inférieur pour travailler au noir, au lieu d'exiger un salaire normal en étant déclarés. A ma grande surprise, je n'ai pas entendu l'invité prétendument expert en la matière donner la réponse que tout individu censé attendrait. En effet, où madame Samboal est-elle allée chercher que ces travailleurs au noir acceptaient des salaires inférieurs pour travailler clandestinement? Il y a en a, certes, mais en Espagne comme chez nous, artisans ou chômeurs, ou travailleurs au noir du dimanche parce qu'ils passent la semaine à travailler chez un patron qui les déclare, nombreux sont ceux qui font du travail au noir pour leur propre compte. Et, qui plus est, puisque le chômeur conserve sa couverture sociale, des patrons peuvent convaincre quelques amis chômeurs de confiance de travailler au noir, en les payant plus cher qu'en les déclarant, parce qu'avec l'économie qu'ils font en ne payant pas les charges, ils font encore une bonne affaire.

C'est pourquoi le statut "d'auto-entrepreneur" de Nicolas n'était paut-être pas bête du tout, puisque le camarade auto-entrepreneur payait ce qu'il payait, ce qui fait beaucoup plus que rien du tout, et que les entreprises trouvaient en eux du personnel qu'elles pouvaient utiliser quand elles en avaient besoin, sans les avoir sur les bras le jour où elles n'avaient plus de travail à leur donner. Voilà une mesure qui offrait de quoi arranger tout le monde, mais dont l'intérêt n'a apparamment pas été compris par un grand nombre des artisans qui en étaient pourtant également les bénéficiaures, et par une partie de la classe politique, puisqu'elle a été malencontreusement réformée. Ceux qui remettent en cause ce statut d'auto entrepreneur n'ont pas l'air de savoir que des gens qui ne peuvent plus l'être ne travaillent pas moins au noir, et que les entrepreneurs honnêtes ne peuvent même pas avoir recours à leurs services, ce qui pourrait pourtant leur rendre grand service. 

Je me demande si, par hasard, Coluche n'avait pas raison lorsqu'il disait : "Il paraît qu'on est cernés par les cons. C'est vrai, mais on se rend pas compte à quel point."

Régis Ducon Lajoie la Marée Monte

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