Je suis comme vous, un égoïste

Vous êtes au courant? Une chaîne de télévision vient de dispaître. Evidemment, vous n'en saviez rien, et si je n'étais pas là pour vous l'apprendre, vous ne feriez pas le moindre effort pour en être informer, d'autant plus qu'il sagit d'une chaîne que vous n'avez jamais eu envie de regarder, puisque c'est une chaîne régionale de Valence, en Espagne. Par dessus le marché, je parie que vous allez oser me dire sans la moindre vergogne que d'apprendre la fin de cette chaîne ne vous fait ni chaud ni froid, ce qui ne m'étonne pas, puisque j'éprouve la même indifférence que vous. 

Vous comprendrez pourtant, je l'espère, à quel point il est mal de rester indifférent face à un tel évènement. En effet, cela signifie que tous les employés de cette entreprise pleurent d'avoir perdu leur travail et, surtout, leur salaire. Malgré votre indifférence et la mienne, nombreux seront cependant ceux qui diront qu'il est méchant de mettre fin aux activités d'une entreprise, puisque cela envoie le personnel au chômage, avec toute les mauvaises conséquences que cela comporte.

Oui, mais avec des recettes publicitaires insuffisantes, les déficits accumulés conduisaient à la faillite. Dans ce cas, n'aurait-on pas pu sauver au moins l'entreprise et une partie des emplois, en réduisant les dépenses? Si, car il y avait un plan de sauvetage qui aurait permis de continuer en licenciant une partie importante du personnel. Mais les syndicats, dont c'est l'unique raison d'être, ont courageusement défendu les intérêts des camarades travailleurs en disant : NON!!!

Ils ont exigé le maintient de tous les emplois avec une fermeté exemplaire et fort louable. Oui, mais en maintenant tous les emplois, comment éviter la faillite? Les syndicats, jamais à court d'idées, ont exigé que l'argent manquant soit apporté par le gouvernement autonome de la Région. Eh bien, vous allez avoir du mal à le croire, mais les élus locaux du peuple valencien ont refusé de conduire la Région à la faillite, en endettant encore cette Région qui ne l'est déjà que trop, afin de satisfaire les désirs des syndicats. Ceux-ci, qui ont joué la carte du tout ou rien, et ont obtenu rien.

Un tel courage, une telle abnégation, pour obtenir un résultat pareil, est héroïque! Non? Cela ne vous fait-il pas penser à ce qui se passe chez nous? Par exemple, juste comme exemple, car des cas similaires ne manquent pas, PSA, entreprise fondée par la famille Peugeot depuis plus d'un siècle, après des heures de gloire et de prospérité, est en train de réaliser des pertes insoutenables. Un plan de sauvetage prévoyant de réduire les dépenses en licenciant une partie du personnel a été proposé, mais les syndicats, extrèmement compétents et n'ayant pas d'autre préoccupation que la défense des camarades travailleurs ont dit : NON!!!

Le gouvernement de François II, tout dévoué à la cause de ces pauvres travailleurs défendus par les syndicats a dit : Non!!!

Et réjouissez-vous, braves gens, car, après bien des péripéties, l'entreprise est sauvée grâce aux Chinois qui y injectent beaucoup d'argent. Toutefois, faut-il espérer que ces braves Chinois vont dépenser des gros soux dans cette entreprise pour n'en tirer que des pertes, juste pour sauver des emplois en France? S'il en est ainsi, reconnaissez qu'ils sont vraiment gentils, ces Chinois.

Je me demande si, par hasard, Coluche n'avait pas raison quand il disait : "Il paraît qu'on est cernés par les cons. C'est vrai, mais on se rend pas compte à quel point."

Régis Ducon Lajoie la Marée Monte