Un grand pays

Vous êtes au courant? Les Ecossais ont dit non à l'indépendance. Mais pour obtenir ce résultat, le chef du gouvernement anglais leur a promis plus d'autonomie, et encore quelques petits avantages fort intéressants, ce qui fait qu'ils n'y perdent sans doute pas grand chose, bien au contraire. Et les uns se félicitent de ce résultat, tandis que les autres pleurent sur ce qui est une défaite pour les indépendantistes. Et moi je me réjouis, non pas du résultat de cette consultation qui me laisse totalement indifférant, mais de la victoire de la démocratie. Quel grand pays démocratique! Imaginez la taille du territoire occupé par l'Ecosse et, avec plusieurs millions d'âmes, l'importance de ce peuple pour les Britanniques. Malgré ça, ils ont accepté de courir le risque de voir leur Etat emputé d'une partie importante de son territoire et de sa population, en accordant à un de leurs peuples le droit de disposer de lui-même en passant par les urnes. Et ne nous y trompons pas. Il existe de par le monde des Etats beaucoup plus petits que l'Ecosse et qui s'en sortent très bien. Pour le reste des Britanniques, par contre, la victoire du oui aurait été un rude coup. C'est pourquoi nous ne pouvons qu'admirer le fait qu'ils soient capables de respecter aussi bien les principes de la démocratie, et d'autres Etats feraient bien de suivre leur exemple.

N'oublions pas que tous les Etats importants se sont crées à grands coups de mensonges, de bassesses, de guerres et de crimes contre l'humanité, afin de soumettre des peuples auxquels on à dit ensuite qu'ils forment une nation, et qu'il serait criminel de leur part de ne pas accepter de vivre sous le joux du vainqueur. Certes, cela n'était pas présenté d'une manière aussi franche mais, quand on comprend bien, c'est pourtant de cela qu'il s'agit. Et le temps ne change rien à l'affaire. En effet, une dame anglaise, interrogée dans la rue juste avant le référendum, à déclaré dans mon poste de télévision, d'une voix empreinte d'une infinie tristesse, qu'elle allait être infiniment triste si le oui à l'indépendance l'emportait. Bien des fois au cours de l'histoire, après une bataille au terme de laquelle des dames écossaises avaient perdu fils et époux dans les pires conditions et qui, en plus, dos courbé, devait accepter la domination de l'Anglais arrogant, ont éprouvé une infinie tristesse, à côté de laquelle celle de la dame anglaise qui est venue parler dans ma télévision à l'air d'un petit chagrin d'enfant.                Bien entendu, il en fut de même dans toutes les régions d'Europe qui font aujourd'hui partie d'un grand Etat. C'est pourquoi accorder le droit de passer par les urnes pour décider d'eux-mêmes aux peuples qui le réclament ne serait que justice, et de toute façon, il n'y a pas de démocratie digne de ce nom, sans le respect de la volonté du peuple qui s'exprime à travers un référendum.

Je me demande si, par hazard, Coluche n'avait pas raison quand il disant:"Il paraît qu'on est cernés par les cons. C'est vrai, mais on se rend pas compte à quel point." 

Régis Ducon Lajoie la Marée Monte.