On égorge

Vous êtes au courant? Des gens, dans le but d'être agrébles à Dieu, luttent pour fonder un Etat dans lequel tout le monde doit vivre selon la loi de Dieu que ce dernier, dans son infinie bonté, a eu l'infinie bonté de communiquer à l'humanité. Et, si j'ai bien compris, toujours pour être agréables à Dieu, des hommes qui luttent pour atteindre cet objectif, en égorgent d'autres devant des caméras.

Moi, petit être insignifiant parmi des millions d'autres, je ne sais pas si Dieu existe, et si cela lui est agréable. D'ailleurs, qui sait si Dieu existe vraiment? Les croyants, qui pourtant s'y connaissent, expliquent qu'ils croient en Dieu, mais que personne ne peut savoir s'il existe. C'est pour ça qu'ils se nomment eux-mêmes croyants, et qu'on appelle les autres des non-croyants. Si vous ne me croyez pas, vérifiez.

Ne vous y trompez surtout pas; je ne suis pas athée, car je ne nie pas l'existence de Dieu. Je suis simplement un individu qui s'en tient à ce qu'il sait, c'est à dire qu'il sait qu'il n'en sait rien. Et puis, pour moi, il faudrait commencer par expliquer clairement ce qu'est et ce que n'est pas Dieu, et les explications que m'ont données les uns et les autres jusqu'à ce jour ne m'ont pas du tout convaincu. De toute façon, je dois l'admettre, je ne connais pas grand chose aux religions. Oui, je l'admets, mais j'ai quand même compris qu'il y a le bien et le mal, et que le bien c'est du côté de Dieu, tandis que le mal, c'est du côté du Diable. Alors, voyez-vous, je ne suis pas sûr que Dieu, si jamais il existe, soit bien content qu'on tue en son nom. Celui qui assassine au nom de Dieu ne fait-il pas de Dieu un assassain, en prétendant que Dieu est le commanditaire de cet assassinat? Et si Dieu, comme on nous l'explique, est bonté alors que le Démon est méchanceté, il se pourrait qu'assassiner au nom de Dieu soit exécuter  les basses oeuvres du Démon. Dans cas, toujours s'il existe, le courroux indigné de Dieu doit être terrible, car non content d'accomplir une oeuvre satanique, ils en accusent Dieu.

Vous me direz que les égorgeurs ont bien plus envie de nous terroriser que de plaire à Dieu. Oui, et il se pourrait qu'ils réussissent leur coup. Toutefois, quand on sait ce qui se passe sur nos routes, cela devrait nous surprendre. Qui est terrorisé à l'idée de circuler en voiture? Au contraire, au moment des vacances, ils sont nombreux et tout contents de prendre la voiture. Combien d'adultes, combien d'enfants partirent joyeux sur des routes lointaines, et revinrent en chair à pâté? 10 000 A une époque encore proche de nous, nous en avions 10 000 par an. Tout le monde sait qu'en prenant la route, nous risquons de finir écrasés dans un tas de ferraille informe, haletant et crachant du sang sur notre cervelle qui dégouline, avec le cul au milieu de la figure, les couilles broyées, la proitrine enfoncée par le volant, un oeil crevé et l'autre pendant hors de son orbite, etc, etc, etc. Et cela ne terrorise personne.  Alors, est-ce que la terreur engendrée par le terrorisme est bien rationnelle, et est-ce que le premier choc passé, elle ne pourrait pas être éphémère? 

Depuis des dizaines d'années que des groupes terroristes pratiquent le terrorisme, disparaissent, réapparaissent ou sont remplacés par d'autres, qu'a-t-on fait pour s'en défendre? Des services de police spécialisés ont été créés, et de nombreux politiciens et intellectuels  ont intellectualisé sur le terrorisme et ses causes. Il faut bien l'avouer, malgré les efforts méritoires des fonctionnaires de polices chargés de lutter contre ce fléau, et les merveilleuses tribulations mentales et verbales beaucoup moins méritoires de nos politicards et de nos intellos, la situation ne sait pas améliorée, et ça va même de mal en pis. Alors, moi qui raisonne d'une manière beaucoup moins brillante, j'ose affirmer que si, depuis le début, chaque fois qu'un acte terroriste a été commis afin de faire plier les démocraties, les terroristes avaient systématiquement obtenu à tous points de vue, exactement le contraire de ce qu'ils voulaient, non seulement ils n'auraient pas intérêt à commettre des actes de terrorisme, mais ils auraient même intérêt à ne pas en commettre. Et j'ose encore insister en ajoutant que si cela s'était produit immanquablement à chaque fois, sans jamais leur donner la possibilité de croire qu'ils ont une change d'arriver à leurs fins par la terreur, il y a longtemps que nous en aurions fini avec le terrorisme, et que de nombreuses victimes auraient été épargnées.

Je me demande si, par hazard, Coluche n'avait pas raison quand il disait:"Il paraît qu'on est cernés par les cons. C'est vrai, mais on se rend pas compte à quel point."

Régis Ducon Lajoie la Marée Monte.