Charlie et Zémour

Vous êtes au courant? Des gens, d'une manière ou d'une autre, y compris en ayant recours au meurtre, veulent museler la presse qui publie ce qui ne leur plaît pas. Or, dans une démocratie, les médias jouent un rôle essentiel, car le résultat des élections dépend de l'opinion publique, et l'opinion publique se forge à partir des informations que reçoit le public. Evidemment, la liberté de pensée et d'expression qui va avec est incontournable. Oui, mais si je me permets de mentir à votre sujet, de vous calomnier, vous allez tout de suite protester et me faire payer cher mes mensonges, et vous aurez raison. Voilà donc ce qui doit fixer la limite. Par contre, lorsqu'il s'agit de moqueries qui font partie de nos traditions séculaires, aussi insolentes soit-elles, il n'y a que les crétins pour s'en offusquer, et pour vouloir les interdire. Et, crétins, au cas ou il en existerait un, ou plusieurs, aucun dieu ne peut l'être, ou ce ne serait pas Dieu.

Maintenant que cela est posé, il est bien évident que la presse doit s'informer correctement de ce qu'est la réalité, pour être capable de nous informer correctement, et ne devrait pas nous faire des cachoteries. Et, la réalité étant ce qu'elle est, quoi qu'en pensent les uns et les autres, il faut bien agir d'une manière adaptée à la réalité, ou ce qu'on fait ne donne pas le résultat escompté, parce que pas adapté à la réalité. C'est tellement évident qu'il faut être aussi stupide que moi pour l'expliquer. Donc, la presse d'information doit passer avant la presse d'opinion qui ne devrait pas nier la réalité, et doit nous informer d'autre chose que des opinions des uns et des autres. Le problème est que si nous laissons les journalistes décider eux-même de ce qu'ils nous présentent, (comme il m'est déjà arrivé de le signaler), inévitablement, consciemment, ou inconsciemment, volontairement, ou pas, une espèce de caste corporatiste se forme, tout simplement parce que des gens ayant les mêmes affinités et les mêmes opinions préfèrent travailler ensemble. 

Pourquoi vouloir empêcher un journal satirique de publier ses insolences, quand ce journal ne prétend faire que ce qu'il fait, c'est à dire de la satire? Tout le monde sait très bien qu'il déforme la réalité pour essayer de faire rire. Mais pourquoi vouloir empêcher un Zémour de s'exprimer, quand il explique autre chose que ce qu'on nous présente habituellement, c'est à dire quand ce qu'il affirme déplait à un grand nombre de journalistes? De deux choses l'une: ou ce qu'explique Zémour correspond à la réalité, ou cela ne correspond pas à la réalité. Si ce qu'il prétend ne correspond pas à la réalité, il faudrait commencer par le démontrer;" que ce qu'il affirme ne correspond pas à la réalité". On n'aurait alors même pas besoin de le censurer. Au lieu de cela, les gens de la corporation et bon nombre de ceux qui ont accès aux médias hurlent à la mort comme si on leur avait marché sur la queue, et veulent le priver d'antenne.  Il paraît que d'autres ont eu droit au même traitement, alors qu'on n'a jamais démontré que ce qu'ils disaient ne correspondait pas  à la réalité, tandis que toutes sortes d'individus nous abreuvent chaque jour de mensonges et d'âneries, sous le prétexte que c'est leur vérité, à eux.

Ainsi, qu'on l'admette, où pas, on nous a bel et bien instauré une forme de censure, et après les coups de mitraillettes auxquels nous venons d'avoir droit, il se pourrait que cette forme de censure évolue dangereusement. Tout cela vient du fait qu'on oublie tout simplement ce qu'est une démocratie. Dans une démocratie, on applique la volonté du peuple, c'est à dire de la majorité du peuple, et la majorité du peuple commence à la moitié, plus une personne. Donc, au lieu de laisser une corporation décider de ce qu'elle doit, ou ne doit pas publier, il vaudrait mieux qu'on instaure un système permettant au peuple de décider de ce que doit ou ne doit pas être la censure. Comme le monde est en perpétuelle mutation, il faudrait que le système soit évolutif, mais toujours soumis à la volonté du peuple, en usant de la part de démocratie directe que, comme je l'ai déjà expliqué, j'aimerais voir introduite dans notre constitution. Et, si je peux me permettre de donner un conseil aux journalistes, il vaudrait mieux, dans leur propre intérêt, qu'ils soient les instigateurs de ce que je viens d'expliquer, plutôt que de laisser ça à d'autres.

Je me demande si, par hasard, Coluche n'avait pas raison quand il disait: "Il paraît qu'on est cernés par les cons. C'est vrai, mais on se rend pas compte à quel point."

Régis Ducon Lajoie la Marée Monte