François commence à me comprendre?

Vous êtes au courant? A peine vous avais-je magistralement élaboré un beau texte traitant de la priorité à l'emploi que prétend accorder notre président bien aimé, qu'il fait des déclarations qui montrent qu'il commence à comprendre ce que j'explique. Hélas, cent fois hélas, bien que ce soit au niveau de la maternelle première année, quelques esprits tordus ont l'air de croire qu'il a tout compris de travers, et je me demande si ces esprits tordus ne pourraient pas avoir raison.

Dans le texte précédant concernant cette priorité à l'emploi, j'explique que si cela rapportait suffisamment de créer des entreprises, l'appât du gain pousserait nos concitoyens à créer des entreprises. Et si d'embaucher du personnel rapportait suffisamment, non seulement nos concitoyens créeraient des entreprises pour créer leur propre emploi mais, en plus, ils ne cesseraient d'embaucher du personnel. Des gens sortant de la grande école déclarent que ce que j'affirme là, c'est du libéralisme de droite. Je le sais, ils me l'ont dit. Mais je n'en maintiendrai pas moins que plus ça rapporte de créer des entreprises et d'embaucher, plus on crée d'entreprises qui embauchent. Et que si on ne crée pas assez d'entreprises qui embauchent, c'est que ça ne rapporte pas assez. Et je continuerai à déclarer cela, à moins qu'on me démontre honnêtement que moins ça rapporte de créer une entreprise qui embauche, plus on crée des entreprises qui embauchent, ou que plus ça rapporte de créer des entreprises qui embauchent, moins on en crée. Vous suivez?

Ayant compris que si on veut que des entreprises embauchent du personnel, il faut que cela leur rapporte suffisamment d'embaucher, voilà que notre cher François accorde de l'argent aux entreprises qui embauchent du personnel. Je suppose qu'il reprend à son compte ce que j'explique plus haut et ça serait très bien, si il avait bien compris ce que j'explique, et si il avait un peu de mémoire. En effet, la gauche, la droite et le centre, pendant des dizaines d'années, ont régulièrement fait des cadeaux à des entreprises pour les inciter à embaucher. Et que reste-t-il? Un taux de chômage insoutenable et une dette qui augmente d'une manière tout aussi insoutenable. Ce n'est donc pas en nous faisant payer des impôts, ou en faisant des dettes, c'est à dire en dépensant notre argent et l'argent des enfants qui ne sont pas encore nés, pour donner de l'argent à des entreprises qu'on écrase de prélèvements, qu'on résoudra le problème. Pourquoi voulez-vous qu'une entreprise embauche du personnel dont elle n'a pas besoin? Juste pour recevoir le cadeau? Autant donner cet argent directement au camarade travailleur sans le faire travailler.

Pour que le camarade citoyen crée des entreprises et embauche de manière salutaire, il faut que ce soit pour faire un travail qui rapporte de quoi financer les coûts de production de ce travail, plus de quoi rembourser l'argent qu'il emprunte pour l'investissement indispensable, en payant des intérêts suffisants pour compenser l'inflation et financer les coûts de fonctionnement de l'organisme financier qui prête, qu'il soit d'Etat, ou privé, et il faut que ça laisse un bénéfice suffisant pour inciter le camarde citoyen à prendre le risque d'entreprendre, au lieu de travailler pour un mauvais patron qui paye mal, ou de rester au chômage. Pour obtenir ce résultat, il faudrait sans doute commencer par réduire les dépenses de l'Etat, afin de pouvoir diminuer les prélèvements. N'est-il pas stupide de faire payer beaucoup d'impôts et de charges aux entreprises, pour leur donner ensuite de l'argent afin qu'elles ne fassent pas faillite à cause de ces prélèvements, pour qu'elles soient compétitives malgré ces prélèvements, ou pour qu'elles embauchent quand elles n'ont pas besoin de personnel? La solution ne serait-elle pas de faire la réforme fiscale que je propose de temps en temps sur ce blog?  

Evidemment, ce que j'explique étant du niveau du cours de sciences économiques de l'école maternelle première année, on ne peut pas demander aux grands de ce monde de le comprendre.

Je me demande si, par hasard, Coluche n'avait pas raison quand il disait: "Il paraît qu'on est cernés par les cons. C'est vrai, mais on se rend pas compte à quel point."

Régis Ducon Lajoie la Marée Monte