Une grande moquerie

Vous êtes au courant? Trouvant que François II de Hollande n'est pas forcément leur candidat naturel, certains socialistes veulent organiser des primaires, pour désigner le candidat que le PS présentera aux prochaines présidentielles. Comme ils vous ont déjà fait le coup pour vous faire croire qu'ils sont plus démocrates que les autres, ils sont bien capables de vous faire participer une nouvelle fois à des primaires ouvertes à tous, au lieu de les célébrer en interne. Evidemment, si jamais ils vous refont ce coup, c'est parce qu'ils savent que, avec vous, ça marche. Quant à moi, ils savent que ça ne marche pas, parce que je suis bien trop con pour ça, mais ma petite personne ne compte pas. Mais, me direz-vous, ceux de droite, du centre et d'ailleurs sont bien capables d'en faire autant, surtout si ça marche. Oui, et vous aurez hélas tout à fait raison.

Des primaires ouvertes pour nommer le candidat d'un parti, c'est plus démocratique? Une farce! C'est une tromperie, une escroquerie, on se moque de vous! Le candidat d'un parti doit être le représentant de son parti. Oui, ou non? Si oui, et c'est forcément oui, il doit être choisi par les membres de son parti, pour défendre et appliquer, non pas ce que veulent les adversaires politiques de ce parti, mais ce que veulent les membres de ce parti. Et c'est bien cela que ce candidat doit proposer et défendre devant les électeurs qui vont élire leur président au suffrage universel. Dans ces conditions, comment peut-on prétendre que les membres et sympathisants des partis politiques concurents peuvent choisir le candidat du parti adverse, en participant à des primaires ouvertes? Vous ne voyez pas ce qui cloche là-dedans? Vraiment? Je ne vous crois pas. Ce n'est pas possible, ça serait trop grave.

Il semble que vous ne l'ayez pas remarqué mais, sans s'en rendre compte, les socialistes ont dèjà fait ce qu'il fallait pour démontrer que ces primaires ouvertes ne sont qu'une mascarade. En effet, après vous avoir roulés dans la farine en célébrant des primaires ouvertes, des membres éminents du PS déclarèrent que si jamais la droite organisait de telles primaires ouvertes, elle aussi, le socialistes promettaient d'y participer massivement, pour y voter contre Sarkozy. C'est à dire contre le candidat de droite qui, à l'époque, avait le plus de chance de gagner ces élections. Et on oserait prétendre que de telles élections ne tourneraient pas à la farce?  

Alors, mes bien chers frères, mes bien chères soeurs et les autres, si vous voulez plus de démocratie, au lieu de vous laisser prendre à ces pitreries, exigez qu'on interdise les primaires ouvertes, et demandez plutôt à ce qu'on introduise une part de démocratie directe dans notre système représentatif. Il suffirait, comme je le propose souvent et comme cela se fait déjà dans d'autres pays, que n'importe quel citoyen ayant le droit de vote, puisse provoquer un référendum sur n'importe quel sujet, en réunissant un nombre suffisant de signatures de citoyens ayant le droit de vote. Ainsi, tous les référendums en cours pourraient être célébrés lors des élections suivantes pour élire les maires, le président, ou lors d'autres élections, car en même temps qu'il voterait pour son candidat, le camarade citoyen répondrait oui, ou non, à chacune des questions posées. A partir de là, personne n'aurait le droit de s'opposer à l'application du choix du peuple, sous peine de s'exposer à des représailles, non pas proportionnées, mais tellement disproportionnées, que même pas en rêve, car s'opposer à la volonté de la majorité du peuple qui s'est exprimé à travers un référendum, est antidémocratique.

Non seulement l'instauration de cette part de démocratie directe dans notre constitution ne coûterait pas cher, mais nous ferions de grosses économies, car elle permettrait de réduire considérablement l'appareil de notre démocratie représentative. Et par dessus le marché, on pourrait aussi faire les réformes voulues par le peuple, au lieu d'être gouvernés selon la volonté de nos élus qui ne respectent pas la volonté du peuple, ou cèdent à la pression de quelques milliers ou millions d'énergumènes, qui gagnent dans la rue ce qu'ils perdent aux urnes.   

Ce n'est pas la première fois que je vous fais cette proposition? Je sais, et ce n'est pas non plus la dernière. Je rébâche comme un vieux gâteux, et je rabâcherai aussi longtemps que ce sera nécessaire. 

Je me demande si, par hasard, Coluche n'avait pas raison quand il disait: "Il paraît qu'on est cernés par les cons. C'est vrai, mais on se rend pas compte à quel point."

Régis Ducon Lajoie la Marée Monte