Les gamins dans la rue

Vous êtes au courant? Les étudiants descendent dans la rue pour protester contre la réforme du code du travail. C'est à croire qu'ils savent ce que c'est que travailler, contrairement à ce que prétendent la plupart des employeurs qui ont recours à leurs services. Et je ne peux même pas faire de l'humour, de peur de les froisser. C'est qu'ils sont susceptibles, ces jeunes! Susceptibles et pleins de vie avec le sang bouillant. Et il y en a qui sont costauds, même parmi ceux qui ont de petites épaules "en bouteilles d'eau minérale". Si jamais j'osais me moquer d'eux et qu'ils le prennent mal, ils pourraient venir me casser la gueule. Et en plus, ils sont instruits, donc intelligents. Non, franchement, je ne peux pas me moquer d'eux pour faire de l'humour.

Ayant fait des études qui coûtent fort cher au contribuable, ils ont évidemment les connaissances nécessaires pour créer des entreprises de manière à faire un travail qui rapporte, dans des délais raisonnables et de façon mesurable, de quoi financer les coûts de production de ce travail, ainsi que l'investissement nécessaire, en payant des intérêts suffisants pour compenser l'inflation et pour financer les coûts de fonctionnement de l'organisme financier auquel on fait appel pour créer une entreprise. Si jamais ce n'était pas le cas, je ne verrais pas à quoi ça sert de faire des études. Dans ces conditions, on se demande ce qu'ils font dans la rue. En effet, si ces braves étudiants en sont capables lorsqu'ils finissent leurs études, ils n'ont qu'à monter leurs entreprises et faire travailler leurs employés moins de trente cinq heures, si ça leur plait, en leur payant le nombre d'heures légales. Quant au licenciement plus facile et qui coûte moins cher, c'est pareil. Si cela ne leur plait pas, une fois qu'ils créent leurs entreprises, ils donnent un bon travail bien payé à leurs employés, qu'ils ne licencient jamais. Facile! Non? Et ils peuvent même, comme à l'époque du paternalisme, leur payer une retraite avant l'âge légal. On ne leur apprend pas ça, à l'école?

Mais ces braves étudiants s'imaginent peut-être que ce n'est pas à eux de créer des enreprises garantissant à vie un bon travail bien payé au camarade travaileur. Et qui, selon eux, doit l'offrir ce travail bien payé pour une semaine de trente cinq heures, avec des conditions de licenciement tellement difficles et onéreuses qu'il est presque impossible de licencier, avec un départ à la retraite dans la pleine force de l'âge? C'est bien d'être exigent, mais qui doit le fournir ce travail, dans les conditions qu'ils exigent? Qui?       

Hélas, si ces braves étudiants étaient capables de comprendre cela et de créer les entreprises offrant ce qu'ils exigent, ça voudrait dire qu'ils savent travailler, et ils n'auraient pas de mal à trouver un premier emploi. Et au lieu de descendre dans la rue, ils seraient certainement occupés à faire sagement leurs devoirs.

Braves étudiants, je vous conseille de lire le texte que j'ai intitulé: Pauvre Martine.

Je me demande si, par hasard, Coluche n'avait pas raison quand il disait: "Il paraît qu'on est cernés par les cons. C'est vrai, mais on se rend pas compte à quel point."

Régis Ducon Lajoie la Marée Monte