Molenbeek

Vous êtes au courant? Le monde a bien changé. J'ai remarqué ça l'autre jour, en regardant un reportage que la 2 nous a offert sur Molenbeek. Ayant vécu à Bruxelles et ayant fait une partie de mes études à Forest dans les années cinquante, je peux vous assurer que, non seulement Molenbeek a changé au point que l'ancien citoyen bruxellois que je fus ne reconnait plus rien de cette ville, mais il en va de même pour toute l'agglomération bruxelloise. Pourtant, en y regardant bien, on découvre que, dans l'ensemble, les rues et les places sont toujours à la même place, avec la majorité des maisons qui n'ont pas bougé.

Mais en suivant cette émission, j'eus quand même l'impression de découvrir une autre ville, située sur un autre continent. Une ville cosmopolite, mystérieuse, au charme exotique, comme celles que je voyais au cinéma étant gosse et qui me donnaient envie de devenir marin, pour courir à la découverte du monde lointain. Et maintenant, ce monde lointain, les Bruxellois d'origine européenne l'ont à portée de la main, ils y vivent. Et ils ne lui trouvent rien de mystérieux, ni rien d'exotique. Mais, avec les cent quarante nationalités de sa faune, c'est sûr qu'ils la trouvent cosmopolite, et ils se trouvent aussi en minorité dans leur ville. Où est le problème? Je n'en vois aucun, mais je suis conscient que  par le jeu de la démocratie, ce sont évidemment les habitants d'origine étrangère, de cent quarante nationalités différentes qui, étant les plus nombreux, décident et imposent la façon dont la ville doit être gérée. Cela ne me dérange pas, mais je me demande si des citoyens d'origine belge pourraient l'être, dérangés. Et étant en minorité, auraient-ils le droit de s'en plaindre? Oui, à la condition que la majorité d'origine étrangère leur accorde ce droit.

Lorsque ces Bruxellois de vieille souche découvrent que la Belgique est devenue un bouillon de culture du terrorisme islamique, grâce au travail méthodique de nombreux prédicateurs qui prêchent la haine depuis fort longtemps en toute impunité, au vu et au su de tout le monde, dans tout le pays, et dispose d'un énorme vivier issu de l'immigration, ils se demandent peut-être si ils n'ont pas raté quelque chose. D'autant plus que des personnes interrogées dans la rue, des réprésentants de l'ordre comme le chef de la police de Molenbeek, ainsi que d'éminants politicards disent qu'ils n'ont rien vu venir. A mon avis, c'est qu'ils regardaient de l'autre côté, exprès pour ne rien voir. Et avec ça, le futur n'est pas encore là. Que sera-t-il? C'est évident si on regarde du bon côté pour voir ce qu'ils faut faire, pour qu'il soit ce qu'il doit être, mais il nous donnera des coups de pied au cul si on lui tourne le dos pour regarder de l'autre côté. (Que c'est beau, ce que je viens d'écrire)

Je me demande si, par hasard, Coluche n'avait pas raison quand il disait: "Il paraît qu'on est cernés par les cons. C'est vrai, mais on se rend pas compte à quel point."

Régis Ducon Lajoie la Marée Monte