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Régis Ducon Lajoie la Marée Monte
25 novembre 2016

Les fraises espagnoles.

Vous êtes au courant? Les fraises de Aranjuez sont délicieuses, mais coûtent dans les 40 euros le kilo. C'est rigolo, parce que les Français ont l'habitude de dire que les fraises espagnoles ne coûtent pas cher, mais ne sont pas bonnes. Il est vrai que les fraises espagnoles qui envahissent le marché français ne sont pas des fraises de Aranjuez, et nombreux sont les Français qui trouvent chères, pour ce qu'elles sont, les fraises espagnoles qu'on nous vend couramment. Il faudrait quand même nous demander pourquoi ces fraises que nous trouvons déjà trop chères par rapport à leur qualité ne sont pas plus chères, car elles devraient l'être, plus chères, en Espagne comme en France.

Ce n'est pas de les regarder pousser qui coûte le plus, mais la récolte, du fait qu'on ne peut les ramasser qu'à la main. La main d'oeuvre nécessaire à la cueillette est si importante, que si les cueilleurs étaient payés normalement et déclarés, plus personne n'achèterait de fraises françaises, espagnoles, ou d'une autre provenance. Chaque fois que vous mangez des fraises, sutout si vous les trouvez trop chères, souvenez vous que les gens qui les récoltent sont payés 3 à 6 euros de l'heure. Et n'allez pas imaginer que le cultivateur roule sur l'or parce qu'il exploite honteusement ces pauvres camarades travailleurs. Les producteurs de fraises, en Espagne, comme en France, à part pour quelques exceptions, feraient faillite sans cette main d'oeuvre bon marché, venue d'ailleurs.

Tous les ans, un couple de Marocains vit dans une cabane de bidonville au milieu des bois, car le salaire de 35 euros par jour que gagne chacun d'eux en travaillant au noir pour ramasser les fraises, ne leur permet pas de payer un logement. Et pourtant, tous les ans, ils reviennent ramasser les fraises en Espagne, parce que dans leur pays, ils ne gagneraient que 5 euros par jour, c'est à dire 7 fois moins, pour faire un travail équivalent. Voilà comment, alors que nous avons des chômeurs de toutes origines, en France comme en Espagne, nous faisons venir des Roumains, des Marocains et d'autres, pour ramasser les fraises, parce que nous ne voulons pas payer le kilo de fraises au juste prix qu'il coûterait, en France comme en Espagne, si les cueilleurs étaient payés et déclarés normalement. Et lorsque nous apprenons comment vivent ces gens, nous crions au scandale pour nous donner bonne conscience!

Eh bien, mes biens chers frères, mes bien chères soeurs et les autres, si vous faites le compte de ce que coûte à chacun de nous ces chômeurs qui restent chômeurs au lieu de ramasser les fraises, vous comprendrez vite qu'il vaudrait mieux les payer assez cher pour qu'ils ramassent les fraises, parce que ça nous coûterait beaucoup moins cher. Mais pour envisager cela, encore faudrait-il comprendre comment fonctionne le principe des vases communiquants en économie. Sans ça, vous refusez de comprendre que c'est vous et moi qui payons encore plus cher ce que le kilo de fraises ne nous coûte pas. Mais, me direz-vous, et nos dirigeants? Apparemment, ils ne comprennent pas, eux non plus. Et nos syndicalistes qui nous défendent si bien? Toujours apparemment, eux non plus.

Et pourrait-on voir en cela un rapport avec la mondialisation et le résultat de certaines élections récentes et futures? 

Je me demande si, par hasard, Coluche n'avait pas raison quand il disait: "Il paraît qu'on est cernés par les cons. C'est vrai, mais on se rend pas compte à quel point."

Régis Ducon Lajoie la Marée Monte.

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