Geert Wilders

Vous êtes au courant? Aux Pays-Bas, pays des tulipes, il y a un type nommé Geert Wilders. Moi, à sa place, je me ferais teindre, parce que chaque fois que je le vois à la télévision, avec sa silhouette fine et élancée, son teint laiteux et ses beaux cheveux d'un blond qu'aurait apprécié Hitler, je me dis que dans les films de nazis, vêtu du bel uniforme de la SS, il pourrait être une grande vedette. Il serait même sûrement la vedette principale. Comme si cela n'était pas suffisant, ce monsieur se trouve à la tête d'un parti d'extrême droite, plus ou moins équivalent au FN. Vous me direz que si vous aviez un physique pareil et son CV, vous vous garderiez de vous présenter devant un juge, en étant de surcroit accusé d'avoir tenu des propos racistes. C'est pourtant ce qu'il vient de faire. Et mal lui en prit, car il a été condamné à payer une amende de cinq mille euros. Mais qu'avait-il donc tenu comme propos racistes? Etant donné que cette affaire m'inquiète, je vais vous en communiquer tout ce que j'en sais, mais je ne sais peut-être pas tout.

Comme l'officier de justice qui a annoncé la sentence dans mon poste de télévision parle beaucoup mieux le néerlandais que je ne le comprends, je vous demande de vérifier, mais j'ai relevé le terme de "discriminatie". Il me semble aussi avoir entendu parler d'incitation à la haine raciale,  et comme pour justifier cela, on nous a montré Geert Wilders devant un parterre de partisans auxquels il a demandé: "Willen jullie meer, of minder Marokkanen?" Et ils ont répondu: "Minder Marokkanen!" Evidemment, dans un élan d'immense générosité, je vous traduis immédiatement ce que cela signifie: "Voulez-vous plus, ou moins de Marocains?" Et ils répondirent: "Moins de Marocains!" Au cours du même journal télévisé diffusé par la chaîne BVN, on nous a également présenté quelques personnes qui ont envahi une des deux chambres qui constituent le gouvernement Hollandais, et qui ont exhibé un grand portrait de Wilders, avec une grande croix rouge lui barrant la bouche. Voilà tout ce que je sais de cette affaire.

Moi qui ne suis pas un grand blond, mais un petit brun, et qui ne milite pas dans un parti d'extrême droite, j'espère que pour lui faire payer une amende de cinq milles euros, on a quand même autre chose à reprocher à Geert Wilders que sa question: "Willen jullie meer of minder Marokkanen". Je ne serais cependant pas surpris qu'on l'ait condamné rien que pour ça, et c'est bien ça qui m'inquiète. Qu'on aime ou qu'on n'aime pas ce monsieur, qu'on partage ses idées, ou qu'on les déteste, où allons-nous si nos élus n'ont pas le droit de nous demander ce que nous voulons, y compris si nous voulons plus ou moins d'immigrés Marocains, Russes, Américains, Chinois ou autres, et si nous préférons recevoir des gens qui risquent plus ou moins que d'autres de se lancer dans le djihadisme? Imaginez qu'à l'époque d'Hitler, on n'ait pas eu le droit de demander à des électeurs s'ils avaient envie d'accueillir plus, ou moins d'Allemands. Vous me direz que, à l'époque, ça n'aurait pas eu d'importance puisque, de toute façon, il nous les a envoyés sans demander la permission, mais quand même.

Blague mise à part, que des élus n'aient pas le droit de demander à leurs électeurs ce qu'ils veulent, pour quelque raison que ce soit, n'est-ce pas une atteinte à la démocratie, que la justice d'un pays démocratique doit précisément protéger? A-t-on le droit, et même le devoir, dans une démocratie, de demander au peuple ce qu'il veut? Oui ou non? Que ceux qui se disent démocrates réfléchissent bien à ce qu'ils vont répondre à cette question.  

Je répète quand même qu'il faut bien vérifier les informations que je présente ici car, vu mes insuffisances en néerlandais, je n'ai peut-être pas tout compris et je ne sais peut-être pas tout. Mais quelque soit le cas, la question que je pose a une importance cruciale, tout comme ce qu'on y répond. 

Je me demande si, par hasard, Coluche n'avait pas raison quand il disait: "Il paraît qu'on est cernés par les cons. C'est vrai, mais on se rend pas compte à quel point."

Régis Ducon Lajoie la Marée Monte 

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