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Régis Ducon Lajoie la Marée Monte
26 mai 2017

Federico Greco II

Vous êtes au courant? Il n'y a pas bien longtemps, je vous ai expliqué ce que Federico Greco est venu raconter dans mon poste de télévision le soir du premier mai. Si vous ne vous en souvenez pas, je vous conseil de revoir ce texte, et vous constaterez que j'y fais une promesse que je suis en train de tenir. En effet, entre autres choses, le beau Federico a déclaré qu'il faut investir dans l'économie réelle, au lieu d'investir dans l'économie financière. Comme il y avait beaucoup trop à dire sur l'ensemble de son propos pour traiter cette remarque en même temps que le reste, je vous ai promis de voir cette affaire d'économie réelle et d'économie financière plus tard. Et le moment est enfin venu de traiter cela avec le simplicisme exacerbé qui me caractérise. 

Inévitablement, ceux qui préconisent d'investir d'avantage dans l'économie réelle, comme tous ceux qui parlent de cette économie réelle pour quelque raison que ce soit, le comprennent, ou ne le comprennent pas, mais ils sont en train de prétendre qu'il y a une économie réelle, face à une économie irréelle. Et, en l'occurence, ils prétendent qu'ils faut moins investir dans cette économie irréelle, pour investir plus dans l'économie réelle. Et à les en croire, il y a des gens qui gagnent des fortunes en investissant dans l'économie pas réelle. Putain que c'est fort! Cela veut dire qu'ils gagnent des sous réels, dans une économie qui n'existe pas réellement! N'est-ce pas que c'est fort? C'est encore plus fort qu'au jeu de monopolis.

Au lieu de triturer les mots tant et plus, et de nous noyer dans toutes sortes d'opinions convergeantes, ou divergeantes et contradictoires, regardons ce qu'est la réalité. Pour ce faire, revenons au programme de sciences économiques de la maternelle première année, compréhensible par tous, y compris par ceux qui sortent des grandes écoles, à la condition qu'ils n'y soient pas restés trop longtemps. Imaginons que vous vouliez monter une épicerie. Pauvre comme vous êtes, vous devrez courir les rues et sonner aux portes pour demander aux gens de vous prêter l'argent dont vous avez besoin. Quel travail! Pas vrai?

Evidemment, égoîstes qu'ils sont, ils réclameront un intérêt suffisant pour compenser l'inflation parce qu'ils ne veulent pas y perdre. Il se pourrait même qu'ils veuillent un intérêt également suffisant pour les dédommager de la peine qu'ils prendront. Si jamais ils refusent de vous prêter, vous pourrez toujours essayer leur vendre des parts de l'entreprise que vous voulez créer. Devenant ainsi les copropriétaires de votre entreprise, il participeront aux bénéfices, au prorata de l'argent qu'il auront mis dans l'entreprise, tandis vous pourrez toucher un salaire pour le travail que vous fournirez, en même tant que vous toucherez votre part des bénéfices, toujours au prorata de l'argent que vous aurez investi dans cette entreprise. Ces parts, c'est bien connu, sont des actions. Après ça, j'espère qu'il n'est pas nécessaire de préciser que la valeur de votre entreprise pourra varier au fil du temps en fonction de différents facteurs, tout comme le prix d'une maison ou des carottes. Et, pour financer votre entreprise, vous pouvez encore vendre un autre type de produit financier qu'on appelle des obligations, ou des titres, ou des trucs du même genre, avec le taux d'intérêts et les modalités de remboursement prévus lors de l'émission. Ouf!

Et bien, par cette voie, vous n'êtes pas arrivé! Mais grâce à ce qui précède, si ce n'était déjà fait, vous l'aurez compris, réunir des fonds pour financer des dépenses ou des investissements est une activité financière, et cette activité financière est un travail bien réel, qui fait partie de l'économie réelle, quelque soit votre objectif ou l'objectif de ceux qui vous prêtent de l'argent, vous achètent des actions ou d'autres produits financiers. Dans tous les cas, il n'y a aucune activité financière possible qui ne corresponde d'une manière, ou d'une autre, à ce que je viens de présenter. Oui mais, et les banques et autres organismes financiers, me direz-vous?!     

Les banques? Vous ne faites pas votre pain vous-même, vous l'achetez chez un boulanger, tout comme vous achetez votre voiture chez un marchand de voitures, au lieu de la construire vous-même, parce que c'est beaucoup plus pratique et que ça vous coûte moins cher, bien que ces gens vous fassent payer leur travail, leurs frais généraux et leurs investissements. De la même manière, quand vous avez besoin d'argent pour créer une entreprise, ou pour n'importe quoi, au lieu de sonner aux portes, vous pouvez emprunter à un organisme financier dont c'est le métier de réunir des fonds pour les prêter. Evidemment, l'organisme financier vous demandera de rembourser en payant des intérêts suffisants pour compenser l'inflation et pour financer ses coûts de fonctionnement. Et en plus, comme le boulanger et le marchand de voitures, il a besoin de faire des bénéfices, ce que tout le monde comprend quand il s'agit du boulanger ou du marchand de voitures, mais qu'on a du mal a avaler lorsqu'il s'agit des organismes financiers.

Maintenant que, en résumé, nous venons de faire le tour de l'activité financière, mes bien chers frères, mes bien chères soeurs et les autres, dites-moi ce qu'il y a d'irréel dans l'activité financière. Qu'ai-je oublié dans mes explications? Vérifiez, et vous verrez que je n'est rien oublié. Rien, absolument rien! Celui qui fait l'effort de comprendre ce qui précède comprend du même coup qu'on ne peut pas investir dans l'économie financière ou dans l'économie réelle, parce qu'il n'y a pas une économie financière réelle ou irréelle face à une économie réelle. Il n'y a qu'une seule et même économie, bien réelle, avec différents secteurs d'activité indissociables, tous bien réels. L'activité financière n'est qu'un service que les organismes financiers vendent, tout comme d'autres entreprises vendent d'autres services. Et si vous essayez de vous passer du service des professionnels, ce dont vous avez tout à fait le droit, ou vous êtes un expert, ou ça va vous coûter beaucoup plus cher pour un piètre résultat.

Qand on entend nos élites parler d'investir dans l'économie réelle au lieu d'investir dans l'économie financière, et tous les autres qui le répètent d'une manière qui montre qu'ils l'entendent bel et bien comme ça, il ne faut pas s'étonner que le monde aille si mal. Cela signifie en effet qu'ils ne comprennent pas qu'il n'y a qu'une seule et même économie, et qu'investir dans l'économie financière, c'est inévitablement investir dans l'économie dite réelle, et qu'on a le tort d'appeler économie réelle. J'espère qu'on l'aura compris, investir dans l'économie dite réelle, c'est une activité financière. Il n'y a donc pas, et il ne peut pas y avoir deux économies. Il n'y a qu'une seule et même économie, avec ses différents secteurs d'activité. Quand des gens qui furent scolarisés au plus haut niveau ne comprennent même pas ça, il est bien évident qu'ils sont incapables de réclamer et d'instaurer des lois adaptées et des mesures propres à résoudre les problèmes, au lieu d'en créer de catastrophiques.

Je le demande à nouveau, à la solde de qui, ou de quoi sont des gens comme Féderico Greco. Sont-ils sincères? Si oui, c'est encore pire, parce que ça prouve que nous ne sommes pas prêts d'avoir des élites compétentes!  

Je me demande si, par hasard, Coluche n'avait pas raison quand il disait: "Il paraît qu'on est cernés par les cons. C'est vrai, mais on se rend pas compte à quel point."

Régis Ducon Lajoie la Marée Monte

N'oubliez pas de venir chaque semaine sur ce blog pour découvrir ce que ce bon Régis a concocté pour vous amuser, ou pour vous faire grincer des dents. Faites-lui surtout de la PUB si vous aimez, ou dénoncez-le le plus possible si vous n'aimez pas.

Bise                           

 

  

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