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Régis Ducon Lajoie la Marée Monte
5 août 2017

Il buono per il suo paese

Vous êtes au courant? Lors de la rassegna stampa présentée par la chaîne de télévision RAI news au soir du 24 07 2017, on pouvait lire sur la première page de plusieurs journaux italiens: "Renzi: governo debole. Macron fa il buono per il suo paese." Vous comprenez certainement ce que cela veut dire, tout comme vous comprenez que cela était présenté avec quelques variantes selon les journaux. Mais, je vous le promets, nombreux étaient les quotidiens italiens qui, ce soir-là, présentaient une formule qui avait le même sens. Et bien moi, je n'aurai pas l'outrecuidance de me prononcer sur la faiblesse ou la force du gouvernement italien! Par contre, étant donné que ces titres concernaient la nationalisation du chantier naval de Saint Nazaire, j'ai bien peur que l'avenir fasse mentir ceux qui prétendent que Macron fait ce qui est bon pour son pays.

Naturellement, même si vous n'avez pas regardé la télévision italienne, vous savez bien des choses au sujet de cette affaire, grâce à tous les commentaires, analyses et débats dont nous ont abreuvés les télévisions françaises. Et on vous a certainement fort bien expliqué toute l'histoire du chantier naval de Saint Nazaire, au savoir faire incomparable que le monde entier nous envie. Mais j'aimerais poser quelques questions qui reviennent régulièrement, et d'autres que personne ne pose.

Pourquoi cette merveilleuse entreprise a-t-elle régulièrement des problèmes depuis si longtemps? Etrange, pour une si merveilleuse entreprise! Non? 

Lorsqu'une entreprise rapporte de quoi donner envie à des patrons et investisseurs de la reprendre, des patrons et des investisseurs ont-ils envie de la reprendre? Oui, ou non? 

Même si c'est vous ou moi qui voulons la reprendre, lorsqu'une entreprise rapporte assez pour que les organismes financiers en tous genres soient sûrs qu'on leur rendra l'argent prêté en payant des intérêts suffisants pour compenser l'inflation et pour financer leurs coûts de fonctionnement, ces organismes financiers se précipitent-ils pour prêter à ceux qui ont envie de la reprendre, y compris si c'est vous ou moi qui voulons la reprendre? Oui, ou non?

Quand vous aurez répondu à ces questions et à quelques autres dans le même genre que vous pouvez facilement imaginer, vous aurez certainement compris pourquoi cette entreprise au merveilleux savoir faire à toujours des problèmes, bien que des clients du monde entier ayant besoin de ce savoir faire, soient prêts à payer ce que vaut ce savoir faire.       

Après ce petit exercice, il manque encore quelque chose que je vais vous expliquer. Et je vous demande de ne pas le croire sans avoir vérifié que ça correspond à la réalité, car même si c'est moi qui le raconte, il ne faut jamais rien croire sans avoir vérifié ce qu'on vous raconte, de manière à être sûr d'éviter de croire des bêtises ou des mensonges. Pas vrai?

Il y a quelques dizaines d'années de cela, un beau jour, un ancien employé de cette entreprise expliqa avec délectation dans mon poste de télévision, que lui-même et l'ensemble des camarades travailleurs de cette entreprise avaient fini par obtenir des salaires et toutes sortes d'avantages hors du commun, qu'on leur avait refusés dans un premier temps, sous le prétexte qu'on n'avait pas l'argent nécessaire. Mais chaque fois qu'il y avait une nouvelle commande, dès le début de la mise en chantier, ils se mettaient vite en grève et, oh miracle, on le trouvait, l'argent nécessaire pour leur accorder ce qu'ils demandaient. Oui, mais ce que n'a pas dit ce camarade travailleur, c'est que ces exigences faisant augementer toujours davantage les coûts de production, l'entreprise finit par avoir de graves problèmes financiers, qui lui imposèrent d'augmenter ses prix au-delà de ce que les clients avaient les moyens de payer son merveilleux savoir faire. Cela ajouté à l'incertitude des délais de livraison provoqués par les grèves répétées eut pour effet de faire fuir les clients. Et cette merveilleuse entreprise se trouva au bord de la faillite, sans que les candidats désireux de la reprendre se bousculassent au portillon. Et les syndicalistes, en compagnie de beaucoup d'autres qui n'étaient même pas syndicalistes, déclarèrent que c'était voulu! Oui, répond-je à cela, mais par qui? Par les camarades travailleurs de cette entreprise qui usèrent du pouvoir de nuisance en croyant qu'il n'y avait pas de limites? Ne répondez surtout pas oui à cette question, on vous traiterait de fasciste, ou de quelque chose dans le même genre.

Même dans le cas où vous ne feriez pas l'effort de vérifier ce que je viens de vous présenter, vous comprendrez que tous les problèmes de cette entreprise ont une raison qu'il faut expliquer autrement que par des opinions. Et si ce que je viens de vous raconter ne correspond pas à la réalité, comment expliquer que des patrons et d'avides investisseurs qui ne pensent qu'à s'enrichir ne se précipitent pas pour reprendre une si belle entreprise qui rapporte tellement d'argent du fait de son savoir faire incomparable, et comment se fait-il que, malgrè ce savoir faire reconnu dans le monde entier comme parmi les meilleurs, il n'y ait plus eu assez de commandes pendant longtemps pour la faire vivre?

Et nous arrivons au moment où il n'y eut plus que le Coréen pour bien vouloir s'en charger, de cette merveilleuse entreprise, à la condition que les employés acceptassent de renoncer à certains de ces avantages hors du commun dont il est question plus haut. Et maintenant que le Coréen ne peut plus la garder, vous remaquerez qu'il n'y a que l'Italien sur les rangs des repreneurs. Et on fait les difficles! Et les conditions acceptées avec le Coréen semblent aujourd'hui inacceptables avec l'Italien, qui ne comprend pas pourquoi ce qui était bon avec le Coréen, n'est pas bon avec lui. Un seul repreneur!!! Ce n'est pas beaucoup, pour un magnifique joyau comme cette merveilleuse entreprise! Qu'attend-on pour la lui refiler? Qu'il n'y en ait plus du tout? Dans ce cas, la nationalisation provisoire sera une privatisition provisoire à durée indéterminée. Pas vrai? Et si j'ai bien compris, la nationalisation de cette merveilleuse entreprise va déjà coûter dans les 80 millions au camarade contribuable français. Il est toutefois vrai que si cette entreprise rapporte ensuite, dans des délais raisonnables et de façon mesurable, de quoi récupérer cet investissement, plus un bénéfice, même si c'est un petit bénéfice, ce sera une bonne affaire pour le camarade citoyen. Cependant, maintenant que c'est le camarde citoyen qui paye, si les camardes travailleurs de cette entreprise, juste histoire de récupérer les avantages auxquels ils ont renoncés pour être repris par le Coréen, font à nouveau augmenter les coûts de production de cette entreprise de telle manière qu'elle continue à coûter de l'argent au contribuable, au lieu d'en rapporter, on ne pourra pas dire qu'avec cette nationalisation, Macron aura fait "il buono pel suo paese." Surtout si on ne peut plus s'en débarrasser parce que plus personne n'en veut!

Je me damnde si, par hasard, Coluche n'avait pas raison quand il disait: "Il paraît qu'on est cernés par les cons. C'est vrai, mais on se rend pas compte à quel point."

Régis Ducon Lajoie la Maré Monte

N'oubliez pas de venir chaque semaine sur ce blog pour découvrir ce que ce bon Régis a concocté pour vous amuser, ou pour vous faire grincer des dents. Et faites-lui surtout de la PUB si vous aimez, ou dénoncez-le le plus possible si vous n'aimez pas.

Bise                       

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