Les taureaux sont bien contents

Vous êtes au courant? Il y a une île espagnole où on ne pourra plus faire de corridas, qu'à la condition qu'il n'y ait plus de mise à mort du taureau, ni de pique, ni de banderilles, parce que ça fait mal au taureau. Mais, heureusement, le taureau garde le droit de tuer et de blesser le matador, sans quoi ce spectacle n'aurait plus aucun intérêt. Malgrè le maintient des droit du taureau de faire du mal au matador, "los aficionados" sont évidemment navrés de ces interdictions qui dénaturent les courses de taureaux qu'ils aiment tant, et ils le font savoir. Et à vous, qu'est-ce ça vous fait d'apprendre ça? A moi, ça ne fait absolument rien, parce que je suis tellement insensible qu'avec ou sans la mise à mort du taureau ou du matador, les courses de tauteaux ne m'intéressent pas du tout. A tel point que je ne regarde jamais des courses de taureaux, même quand il y a du sang et de la cervelle coulés aux murs.   

Par contre, ce sont les taureaux qui vont être contents d'apprendre qu'après avoir couru derrière un bout de chiffon, au lieu d'être tués dans l'arène devant tout le monde, on va les faire monter dans un camion à coups de trique, parce qu'un taureau de combat bien élevé ne monte jamais de bonne grâce dans un camion sans recevoir quelques bons coups de triques convaincants, ou quelque chose de pire et d'encore plus convaincant, puis qu'il sera conduit à l'abattoir, où il sera tué et dépecé à l'abri des regards, afin d'être présenté en beaux morceaux appétissants dont se régaleront les défenseurs des animaux qui combattent avec acharnement pour faire interdire les corridas. Et après les belles victoires que ces militants obtiennent, c'est la conscience tranquille et avec le sentiment du devoir accompli, que ces braves gens vont s'offrir un bon repas pour fêter ça, et se goinfrer d'énormes quantités de barbaque provenant des taureaux tués honteusement à l'abri des regards, au lieu d'avoir été tués en pleine lumière.

Moi, je suis lion ascendant crétin, mais si j'étais taureau, puisque de toute façon les taureaux sont élevés par l'homme pour être mangés par l'homme, je préfèrerais mourir au grand jour, en combattant dans l'arène, parce que mourir tué à l'abattoir me donnerais l'impression d'être supplicier comme ces juifs qui furent exterminés dans l'horreur des camps d'extermination. Mais, me direz-vous, dans l'arène, en plus de la mort par l'épée au cours d'un combat déloyal, il y a la torture des banderilles et de la pique! Oui, mais moi, je préfère la mort en combat déloyal avec les banderilles et la pique, plutôt que l'exécution pure et simple en cachette, pieds et poings liés. D'autant plus qu'il paraît que, à part au moment de la mise à mort, c'est à la pique que le taureau souffre le plus. Or, le règlement qui est toujours respecté impose de piquer le taureau de manière à ce qu'il puisse sortir de la pique à tout moment si ça lui fait trop mal. Ce dont certains taureaux "peu braves" ne se privent d'ailleurs pas. Et bien Moi, c'est avec bravoure que Je recevrais les banderilles, et que Je pousserais sur la pique! Et pour l'instant, il me semble que secourir tous ces gens qui meurent de faim dans le monde, y compris chez nous, est autrement plus important que s'occuper de la façon dont les taureaux sont tués lors des corridas. D'ailleurs, si nous envoyons la viande des taureaux de combat tués dans l'arène à ces gens qui meurent de faim, vous verrez qu'ils souhaiteront, eux, qu'il y ait beaucoup plus de corridas avec pique, banderilles, trompettes et fanfares accompagant la mise à mort du taureau dans l'arène.

Je me demande si, par hasard, Couluche n'avait pas raison quand il disait: "Il paraît qu'on est cernés par les cons. C'est vrai, mais on se rend pas compte à quel point."

Régis Ducon Lajoie la Marée Monte

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Bise