Encore contre les corridas?

Vous êtes au courant? Moi qui n'aime pas les corridas, je croyais qu'avec les vacances de Noël, ils allaient se reposer, et bien non! J'ai encore entendu hurler des adversaires des corridas, qu'il s'agit d'une barbarie barbare! Et qu'il faut interdire cette barbarie barbare, pour lutter contre la souffrance animale! Je croyais avoir si bien définivement traité le sujet lorsque Caron a voulu faire voter une loi les interdisant, je me rend compte que c'est à refaire. Ou alors, c'est vous qui ne me lisez pas assez, ou qui me lisez mal, ou qui ne faites pas suivre le message. Du coup, ce sujet, je vais le traiter autrement, mais en reprenant quand même des arguments déjà présentés la dernière fois.

Si j'osais, je vous dirais que depuis des dizaines d'années, j'ai l'impression d'entendre des gens qui n'y connaissent rien, s'engueuler pour défendre les corridas, avec des adversaires des corridas, qui n'y connaissent rien, eux non plus. Evidemment, je ne vous dis pas et je ne vais pas vous dire des choses pareilles, puisque je n'ose pas les dire. Et j'ose d'autant moins les dire que, n'étant pas un amateur de corridas, je n'y connaissais rien moi-même, mais moi, puisque je n'y connaissais rien, je préférais fermer ma gueule car, quand on n'y connait rien, il vaut mieux fermer sa gueule; ça évite de dire des bêtises, ou de répéter les mensonges des autres. Pas vrai? Mais à force d'en entendre parler, bien que je me foute éperdument des corridas, j'ai eu envie de savoir un peu ce que c'est. Et après m'être documenté pendant des années, si j'osais, je pourrais vous expliquer bien des choses, mais je n'ose pas.  

Par exemple, si j'osais, je pourrais répèter que les corridas, ce sont les boucheries Bernard, avec le décor du Châtelet. Je ne sais plus qui a trouvé cette formule, mais elle résume tout en une phrase! La corrida est en effet une boucherie qui a pour objet, comme toutes les boucheries, de tuer un animal afin de le manger, car manger un animal vivant, ce serait vraimant une barbarie. Et ce n'est pas facile, car elle ne se laisse pas faire, la bestiole! Du coup, si j'osais, je vous demanderais, à vous qui vous goinfrez de bidoche, ce que ça peut bien vous foutre, qu'on fasse courir un taureau derrière un bout de chiffon, avant de le tuer, pour le manger. Je ne vais pas vous le demander parce ce que je n'ose pas, mais j'en ai bien envie. Ne répondez surtout pas à cette question, puisque je n'ose pas la poser. En plus, je connais déjà votre réponse.

En effet, si je posais cette question que je n'ose pas poser, vous répondriez: parce qu'on fait souffrir le taureau, dans l'arène! Il souffre parce qu'on le fait courir derrière un bout de chiffon, demanderai-je alors étonné? "Non, me répondriez-vous! Le taureau souffre quand on lui plante les banderilles!" Alors, si vous voulez vraiment lutter contre la souffrance animale, vous répondrais-je à mon tour, que ne demandez-vous l'interdiction de lui planter des banderilles, au lieu de demander l'interdiction des corridas, c'est à dire de le faire courir derrière un bout de chiffon? Hein? "Mais il souffre terriblement, aussi, au moment de la pique, insisteriez-vous!" Oui, même les spécialistes honnêtes le reconnaissent. Mais puisqu'il en est ainsi, si vous voulez vraiment lutter contre la souffrance animale, que ne demandez-vous l'interdiction de la pique, au ieu de demander l'interdiction des corridas? Hein? Et comme je l'ai expliqué l'autre fois, encore faut-il savoir de quoi il s'agit et, pour cela, il faut étudier le réglement, qui est toujours respecté.

Vérifiez et vous verrez que, comme l'impose le réglement, le taureau peut sortir à tous moments de la pique, ce dont ne se privent d'ailleurs pas certains taureaux. Donc, tous les taureaux n'ont certes pas leur BAC, mais si jamais un taureau trouve la douleur provoquée par la pique, insupportable, au lieu de la supporter, il sort de la pique. Il en sort quand il veut! Voilà qui ramène les choses à leurs justes proportions. Non? Et de toute façon, encore une fois, si comme vous le prétendez, vous voulez lutter contre la souffrance animale, que ne demandez-vous l'interdiction de la pique, au lieu de demander l'interdiction des corridas? Hein? "Mais il y a la mise à mort, me diez-vous!" C'est vrai, la mise à mort est un mauvais moment à passer, mais si vous voulez vraiment lutter contre la souffrance animale, que ne demandez-vous l'interdicion de la mise à mort? Avec une corrida sans mise à mort, on conduira donc le taureau aux abattoirs après la corrida, où on le tuera avant de le manger, au lieu de le tuer dans l'arène, car on va quand même le tuer avant de le manger. 

Mais comme, au lieu de demander l'interdiction des banderilles, de la pique et de la mise à mort dans l'anène, vous exigez carrément l'interdiction des corridas, si j'osais, je vous demanderais encore une fois, ce que ça peut bien vous foutre, qu'on fasse courir un taureau après un bout de chiffon, avant de le tuer, pour le manger. Après avoir posé ces questions et bien réfléchi à tout ça, si j'osais, je finirais même par me demander si, au lieu de lutter contre la souffrance animale, comme vous le prétendez, vous ne voulez pas faire interdire les corridas, juste pour faire chier les amateurs de corridas, ou pour faire chier le monde, ou juste pour faire parler de vous, car vous ne savez plus quoi inventer pour faire des histoires, juste histoire de faire des histoires. Mais, bien entendu, comme je n'ose pas poser toutes ces questions, je ne les pose pas.

Je me demande si, par hasard, Coluche n'avait pas raison quand il disait: "Il paraît qu'on est cernés par les cons. C'est vrai, mais on se rend pas compte à quel point."

Régis Ducon Lajoie la Marée Monte

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Bise