Avortement dans la constitution

Vous êtes au courant? Si vous avez l'habitude de me lire, vous allez rire. Et vous allez peut-être rire, même si vous n'avez pas l'habitude de me lire, car une partie de notre classe politique veut inscrire le droit à l'avortement dans notre constitution. Mes fidèles lecteurs l'auront déjà compris, cela rappelle un peu ce que j'ai noté il n'y a pas longtemps, au sujet de la déclaration des droits de l'homme. Remarquez bien que je n'ai rien contre le droit à l'avortement et, en plus, je suis un démocrate radical! Ce que veut le peuple, je le veux aussi! Donc, si comme une partie de notre classe politique, la moitié des citoyens jouissant de leurs droits civiques, plus une personne jouissant de ses droits civiques, c'est à dire si la majorité du peuple le veut, moi aussi. Et si la majorité du peuple veut que ce soit inscrit dans la constitution, je le veux aussi! Mais qu'y a-t-il de rigolot là-dedans, demanderez-vous? 

Ce qu'il y a de rigolot là-dedans, et même rigolot à en pleurer, vous l'avez sous les yeux. De nos jours, on envoie tout le monde à l'école jusqu'à l'âge de vingt ans, et personne, pas même notre élite, ne semble comprendre que si une loi ne l'interdit pas, c'est autorisé. Quand c'est interdit, il n'y a même pas besoin de faire une loi pour l'autoriser, il suffit d'abroger la loi qui l'interdit. Oui, un parfait idiot complètement analphabète comprend tout seul que si ce n'est pas interdit, c'est autorisé, et qu'il n'y a donc pas besoin de faire une loi pour que ça soit permis, puisque ça l'est déjà dès l'instant où ce n'est pas interdit. Et si un idiot de village est capable de comprendre ça, quand on est allé à l'école jusqu'à l'âge de vingt ans, on ne devrait pas avoir besoin d'explications à ce sujet. C'est bête, d'expliquer ça! Pas vrai? Oui, mais que dire de ceux qui ont besoin qu'on le leur explique? Quand une loi avec toute une liste de règles complémentaires le permet, ce n'est pas davantage permis que quand ce n'est pas interdit! C'est juste davantage réglementé. Et excusez-moi d'insister, c'est davantage réglementé, oui, mais pas davantage permis. 

Donc, si en plus d'avoir inutilement une loi l'autorisant, on inscrit le droit à l'avortement dans la constitution, ça ne sera pas davantage permis, ni davantage garanti. Et là, il y en a qui ricanent en se disant que je suis un pauvre crétin! Ils croient que je n'ai pas compris. Et ils vont m'expliquer qu'en l'inscrivant dans la constitution, on ne pourra pas le changer! Et pourtant, si jamais la majorité du peuple le veut, il faudra bien le changer, quitte à changer la constitution, car la démocratie, ce n'est pas le fait d'agir selon la constitution, surtout si elle empêche d'agir selon la volonté du peuple. Au contraire, c'est la constitution qui doit garantir qu'on agisse et fasse des lois selon la volonté du peuple! Donc, encore une fois, quand ce n'est pas interdit, il n'y a pas besoin de faire une loi pour que ce soit autorisé, puisque ce n'est interdit, et le fait de, en plus, l'inscrire dans la constitution, ne l'autorise pas davantage. 

Et comme certains membres de nos élites ont du mal à comprendre des choses aussi évidentes parce qu'ils sont allé trop longtemps à l'école, je répète que même quand c'est écrit dans la constitution, si la majorité du peuple n'en veut plus, cela doit être supprimé, ou nous ne sommes pas en démocratie. Par ailleurs, on se demande bien pourquoi la majorité du peuple pourrait ne plus vouloir du droit à l'avortement. Hein? Bien entendu, chacun doit être libre d'avoir son opinion. Oui, mais il ne faudrait quand même pas présenter des opinions qui nient des faits aussi évidents, que quand il pleut, il tombe de l'eau. Pas vrai? Hélas, comme toujours, mes explications sont du niveau de la maternelle première année, et c'est navrant. Mais le plus navrant, n'est-ce pas d'être obligé de rappeler de telles évidences à nos maîtres et maîtres à penser?

Je me demande si, par hasard, Coluche n'avait pas raison quand il disait: "Il paraît qu'on est cernés par les cons. C'est vrai, mais on se rend pas compte à quel point."

Régis Ducon Ljoie la Marée Monte

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Bise