La campagne électorale - comment devenir une personnalité politique importante

Cours de sciences politiques maternelle: la campagne électorale et comment devenir une personnalité politique importante.

Avec Régis, ça vole bas. Forcément, en donnant des cours du niveau de la maternelle, ça ne peut pas voler bien haut, et je suis obligé, à ce niveau-là, d'expliquer que le soleil se lève à l'est et se couche à l'ouest.

Que c'est bête d'expliquer ce que tout le monde sait! C'est vrai, je le reconnais, et c'est souvent énervant, parce qu'on ne peut pas dire que ce n'est pas vrai. Et où ça devient encore plus énervant, c'est quand je fais remarquer qu'on nous dit, et que vous dites parfois, des choses en parfaite contradiction avec ce q'uon sait pourtant pertinemment depuis la maternelle.

Mais, si vous suivez la campagne électorale, vous aurez certainement remarqué qu'avec ce que raconte, les candidats et les questions des journalistes, ça ne vole même plus du tout, ça rampe couché dans l'herbe ou dans la fange, avec la tête dans les nuages, ou le contraire. C'est toutefois intéressant de suivre cette campagne, parce qu'on apprend pal mal de choses. Par exemple, vous avez sûrement remarqué comment il faut s'y prendre pour devenir une personnalité politique importante, voire même pour accéder à la Présidence. Non? Vous n'avez pas remarqué? Pourtant, vous l'avez sous les yeux. Dans un élan d'immense générosité, je vais l'expliquer pour ceux qui n'auraient pas compris et, si vous êtes intéressés, vous n'aurez qu'à utiliser la recette.
Vous commencer par devenir membre d'un parti politique de droite, mais pas trop, ou mieux, d'un parti de gauche, mais pas trop non plus. Là, vous cirez les pompes des vedettes de ce parti, et vous vous frottez à eux en remuant la queue. Au bout de quelques années, ils vous mettent à la tête du parti, ou vous choisissent comme candidat aux élections présidentielles. Si ce n'est le cas, vous fondez votre propre parti et vous ruez dans les bracards. Ne vous donnez pas la peine d'expliquer intelligemment les choses, car même si vous comprenez ce que vous racontez, ce qui n'est absolument pas nécessaire: les autres, la populasse et les journaleux, dans leur immense majorité, n'y comprendront rien, car ils ne vous écouteront même pas. Sourtout, ne dites jamais de gros mots. Ca vous ferait un tort irréparable, car les gens diraient que vous êtes trop incorrect. En revanche, soyez le plus incorrect possible! Coupez la parole à vos interlocuteurs comme un grossier personnage en vociférant tant et plus. Si on vous parle des problèmes, hurlez que vous allez remédier les injustices et faire tomber les riches dans la misère, et les pauvres dans l'opulence. La dette? Aucune importance! Non seulement vous n'allez pas réduire les dépenses courantes, mais vous allez les augmenter! Avec quel argent? Avec de l'argent prêté à zero pour cent d'intérêt. C'est-à-dire à un taux négatif à cause de l'inflation. C'est-à-dire qu'à cause de l'inflation, en valeur absolue, on rendra moins d'argent qu'on nous en aura prêté, ce qui ne changera rien pour les prêteurs, puisqu'on utilisera cet argent prêté pour financer des dépenses courantes que nous n'avons pas les moyens de nous payer sans l'argent des autres. Si on vous fait remarquer qu'un jour ou l'autre personne ne voudra plus nous prêter d'argent dans ces conditions, vous carrez les épaules et déclarez d'un ton arrogant et méprisant, qu'à la France, une des premières puissances mondiales, la Banque Européenne et d'autres seront obligées de prêter tout l'argent que vous voulez dépenser pour le bien du peuple de ce beau pays. Et surtout, adressez vous au peuple en beuglant comme un veau qu'on mène à l'abattoir, ou comme un porc qu'on égorge:"Prenez le pouvoir! Prenez le pouvoir! Votez pour moi, prenez le pouvoir!" Vous verrez que nombreux seront les beaufs qui seront prêts à vous suivre jusqu'en enfer, et croiront prendre le pouvoir en votant de manière à vous le donner. Je me demande parfois si Cloluche n'avait pas raison.
Régis Ducon Lajoie la Marée Monte