Les jeunes et les moins jeunes

Vous êtes au courant? François nous a promis de résoudre tous nos problèmes, puis, une fois élu, il avoue qu'il n'avait pas compris ce qu'était la situation.
Cela ne l'empêche pas de vouloir appliquer un programme qu'il avait établi avant de comprendre. Mais, puisqu'il l'a promis, il le fait. Par exemple, il va appliquer des mesures qui vont inciter les entreprises à embaucher des jeunes. Comme ils vont être contents, ces jeunes qui cherchent vainement du travail! Evidemment, cela va encore coûter de l'argent, mais il faut bien faire quelque chose pour ces pauvres jeunes. Qui sait combien les gouvernements successifs de droite et de gauche ont dépensé au cours des dernières décennies, pour inciter les patrons à embaucher des jeunes et les autres? Je ne connais pas les chiffres, mais je sais que ça fait beaucoup, et le problème n'est toujours pas résolu, ni pour les jeunes, ni pour les autres, puisque nous avons toujours un taux de chômage élevé. C'est peut-être parce qu'on a oublié le cours maternelle première année, compréhensible par tous, y compris par ceux qui sortent des grandes écoles, à la condition qu'ils n'y soient pas restés trop longtemps.    

Lorsqu'une entreprise a besoin d'un employé, elle l'embauche dès qu'elle trouve celui qui lui convient. Elle a besoin de deux employés, elle les embauche dès qu'elle en a trouvé deux qui lui conviennent. Si l'entreprise n'a pas besoin d'embaucher, elle n'embauche pas. Pourquoi une entreprise embaucherait-elle si elle n'en a pas besoin? Peut-on croire qu'une entreprise va embaucher des gens pour qu'ils se tournent les pouces? N'oublions pas qu'elle est coincée entre ses coûts de production et les prix de vente possibles. Mais avec nos génies de la politique, on incite les entreprises à embaucher des jeunes qui n'ont pas de travail, au lieu d'embaucher des vieux qui en ont. Le problème, c'est qu'une entreprise qui a besoin d'embaucher un employé n'a pas besoin d'en embaucher deux parce qu'on l'a incitée à embaucher un jeune. Du coup, c'est un moins jeune qui se trouve au chômage. Qu'à cela ne tienne, dira-t-on, nous allons maintenant inciter les entreprises à embaucher les moins jeunes. Et on va encore dépenser beaucoup d'argent pour cela, et ce sont les jeunes qui n'auront plus de travail. Evidemment, il peut paraître bébête d'expliquer ces choses-là avec autant d'insistance, mais n'oublions pas que nous sommes au cours maternelle première année. Et que dire de ces gens qui ne comprennent pas ça tous seuls, puisqu'ils veulent inciter les entreprises à embaucher tantôt des jeunes pour résoudre le problème des jeunes, tantôt des vieux pour résoudre le problème des vieux, alors que ça nous fait toujours le même nombre de chômeurs?
La solution serait d'avoir le plein emploi, et il n'y en a pas d'autre. Mais comment voulez-vous avoir le plein emploi quand vous continuez à importer de la main d'œuvre alors que vous n'arrivez pas à donner du travail à tous ceux qui sont déjà là? Surtout quand la main d'œuvre importée n'a pas automatiquement la qualification professionnelle dont on a besoin. Et comment voulez-vous créer les conditions du plein emploi quand vous permettez à des entreprises qui produisent à meilleur prix à l'étranger de vendre librement chez vous? Voilà ce qu'il faut impérativement enseigner à nos génies de la politique, et peut-être aussi à ces qui les élisent.

Après ça, comment voulez-vous que je ne me demande pas si Coluche avait tort ou raison quand il disait :"Il paraît que nous sommes cernés par les cons. C'est vrai, mais on ne se rend pas compte à quel point."

Régis Ducon Lajoie la Marée Monte