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Régis Ducon Lajoie la Marée Monte
25 août 2013

La ligne rouge et les menaces

Vous êtes au courant? Il paraît que El Machin, en Syrie, a franchi la ligne rouge.On l'avait pourtant prévenu à maintes reprises qu'il ne devait pas franchir la ligne rouge. Non? Cela a même souvent été dit sur un ton dur et menaçant, accompagné de menaces plus ou moins sous entendues, propres à faire peur au diable en personne. Et pourtant, nous annonce-t-on aujourd'hui, El Assad a franchi la ligne rouge. Peut-être n'a-t-il pas cru aux menaces proférées d'une manière si menaçante. Les représentants des rebelles auxquels on donne la parole dans mon poste de télévision, quant à eux, disent clairement qu'ils souhaitent une intervention occidentale, mais n'y croient pas, n'y croient plus. Alors, si ceux qui la souhaitent n'y croient pas, pourquoi celui qui devrait en avoir peur y croirait-il davantage?

Comme le savent ceux qui ont l'habitude de me lire, je m'applique à appliquer des raisonnements simplistes, et je n'ai pas peur d'appliquer cela jusqu'à la bêtise. Si je persiste et récidive, c'est parce que lorsque je compare les conclusions auxquelles j'arrive avec celles des gens intelligents qui pratiquent des raisonnements extrêmement savants, et avec le comportement de nos dirigeants, je ne peux être que poussé à persister dans cette voie. C'est ce que je vais faire aujourd'hui pour essayer de comprendre pourquoi machin a franchi la ligne, et pourquoi les Occidentaux se sont contentés de faire des menaces, au lieu d'agir pour arrêter le massacre.

Il faut bien reconnaître que si on observe ce qui s'est passé dans le monde au cours des dernières décennies, on arrive facilement à la conclusion que les évènements de nature à refroidir les ardeurs libératrices des Occidentaux n'ont pas manqué. Le Shah d'Iran était un ami fidèle, mais comme il n'était pas réellement irréprochabe dans le domaine des droits de l'homme, et c'est peu dire, les Occidentaux l'ont lâché. Cependant, quand on voit ce qui l'a remplacé en Iran, en comparaison, il a tout à coup l'air d'un ange et, d'autre part, les Iraniens n'ont pas vraiment donné l'impression de vouloir témoigner un amour et une reconnaissance débordants à l'égarde des occidentaux. On pourrait même avoir l'impression que le nombre des ennemis des Occidentaux a fortement augmenté après ce coup-là. 

En ce qui concerne l'Iraq, on ne dirait pas, là non plus, que le bon peuple de ce pays déborde d'amour pour les Occidentaux, ni de gratitude envers les Américains qui les ont libérés du tiran qui les opprimait. Au contraire, l'affaire iraqienne, à en croire les apparences, a fait, elle aussi, décupler le nombre des ennemis des Occidentaux, tout comme la haine que ces ennemis nourrissent à leur égard. Ensuite, qu'on y regarde de près ou de loin, on a le sentiment que le résultat obtenu en Afghanistan n'engendre ni la fierté, ni l'allégresse que procurent la victoire et la joie du travail bien fait, et on n'a pas, là non plus, l'impression que l'accion menée dans ce pays ait procuré beaucoup d'amis aux occidentaux, ou fait diminuer la haine qu'on leur voue. Et enfin, la situation actuelle en Libye a peut-être bien de quoi faire regretter aux Occidentaux ce que leur a coûté leur action dans ce pays. Car, ne l'oublions pas, ce genre d'intervention coûte très cher, alors qu'on vous accuse, que ce soit le cas ou pas, de les mener pour vous enrichir.

Oui, tout cela a bien de quoi, en effet, calmer l'envie que pourraient avoir les occidentaux d'intervenir en Syrie. Si El Assad l'a compris, nous comprendrons pourquoi il n'a pas peur des menaces qui sont proférées par des gens qui n'ont pas très envie de tenir leurs propres menaces. Et quand bien même aurait-il peur que ces menaces soient tenues, que risque-t-il? Pour l'instant, s'il n'a pas recours aux armes de destruction massive, il risque de s'enliser dans une situation de plus en plus dangereuse, et il pourrait bien, à terme, être renversé et finir comme Kadhafi, ce qui n'est pas forcément son désir le plus cher. Par contre, en franchissant la ligne, le temps que réagissent ces Occidentaux qui n'ont pas l'air de bouillir d'impatience à l'idée de se ruer sur lui, il a des chances d'avoir réglé le problème avant qu'on se mette en route. Et de toute façon, perdu pour perdu, il ne risque plus rien à franchir cette fameuse ligne rouge qu'on lui brandit sous le nez. Sa conscience pourrait-elle l'arrêter? Ce serait bien étonnant. Pourquoi voulez-vous qu'il voie une différence entre massacrer son peuple à coups de canons, femmes en enfants compris, et le massacrer en utilisant des armes de destruction massive? La seule différence qui puisse compter pour lui, c'est qu'avec les armes de destruction massive, c'est beaucoup facile, beaucoup plus efficace, beaucoup plus rapide. Donc, ça risque de le sauver. Et pour les victimes, croyez-vous qu'il soit beaucoup plus agréable d'être écrasé sous des bombes que d'être tué par des armes de destruction massive? Depuis que ce conflit dure, le nombre de victimes tuées par des armes dites conventionnelles est horriblement élevé, et les enfants ne sont pas épargnés. Pendant ce temps, quand la seule façon d'arrêter le massacre était d'intervenir pour massacrer les troupes et partisans d'El Assad qui massacrent ses opposants qui essayent de massacrer les troupes et les partisans d'El Assad, ou le contraire, ou les deux à la fois, nous avons fait des promesses qui risquent d'avoir encouragé les rebelles à entreprendre des actions qu'ils auraient pu avoir la prudence de différer, si on ne leur avait pas fait croire qu'on allait rapidement les aider.                  

En pensant au nombre de victimes innocentes, je me demande tristement si, par hasard, Coluche n'avait pas raison quand il disait : "Il paraît qu'on est cernés par les cons. C'est vrai, mais on ne se rend pas compte à quel point."

Régis Ducon Lajoie la Marée Monte

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