Si j'y avais été

Vous êtes au courant? Cette affaire n'en finit pas, et on continue à nous en abreuver jusqu'à satiété, voir jusqu'à l'écoeurement. Comme vous, je suis tout ça à mon corps défendant, et pour faire vivre une chronique d'importance planétaire, voir même interplanétaire comme la mienne, je suis bien obligé, bien qu'à mon corps défendant, de commenter les commentaires que nous livrent les médias, sur les dernières facéties de Tsipras et de quelques autres. Figurez vous qu'il a déclaré devant nos élus européens que la crise actuelle ne provient pas de ce qui a été fait depuis qu'il est élu, mais de ce qui a été fait depuis cinq ans. Si j'y avais été, lorsque serait venu mon tour de prendre la parole, je me serais tellement dressé sur mes ergots qu'on m'aurait trouvé grand, élancé, superbe, alors que je suis petit, trapu, au cheveu brun et au teint mat, comme un Grec que je ne suis pas, et la lumière des projecteurs se serait réfléchie sur ma chevelure indomptable en lançant des reflets roux et blonds, ce qui m'aurait donné l'apparence d'un "Arien magnifique" que j'aurais eue, si j'avais été l'Arien pure race, que je ne suis pas non plus. J'aurais déclaré d'une voix ferme et forte: "Mes biens chers frères, mes bien chères soeurs et les autres, je suis un comique incorrigible qui n'est même pas capable de toujours faire rire mais, alors que je croyais être le pire, je constate que je dois faire face à une concurrence terrible. Toutefois, je le reconnais volontier, monsieur Tsipras a raison quand il déclare que la crise dont il est question ici n'est pas la conséquence de ce qui a été fait depuis qu'il a été élu, mais tout le monde reconnaîtra aussi, qu'elle s'est gravement aggravée sous sous l'effet de son action et de son manque d'action. Et j'ajouterai que cet homme est une merveille d'ignorance et d'incompréhention, puisqu'il déclare que cette crise est la conséquence de ce qui a été fait au cours des cinq dernières années, alors qu'elle est le résultat de ce qu'il a fait depuis qu'il est élu, et de ce qui a été fait par les gouvernements grecs successifs pendant des dizaines d'années. En effet, nous savons tous que grâce à la bienveillance de leurs gouvernants de droite et du centre, le citoyen grec gagne principalement sa vie en devenant fonctionnaire, militaire, ou retraité à l'âge de 53 ans. Evidemment, vous allez dire que j'exagère. Oui, je grossis un peu le trait, mais pas tellement, car s'ils est vrai qu'ils ont quelques gros armateurs milliardaires, ça suffit d'autant moins pour générer une économie nationale suffisante, qu'ils pratiquent le plus gros de leur activité partout dans le monde. Ils bricolent également un peu dans le domaine du tourisme mais, là encore, bien qu'important, c'est nettement insuffisant. Cependant, comme les fonctionnaires, les militaires et les retraités reçoivent un salaire, ils consomment, et là, nous avons des grecs qui travaillent pour vendre aux Grecs ce qu'ils consomment sans le produire, et le peu qu'ils produisent. Comme ils ne produisent pas ce que consomment leurs fonctionnaires, leurs militaires et leurs retraités, ils ne peuvent le financer qu'avec l'argent des autres. Et si les autres en ont assez de payer pour que les Grecs soient fonctionnaires, militaires et retraités à l'âge de 53 ans, ils n'ont plus qu'à mourir de faim, en disant que c'est de la faute des autres, qui ne veulent pas les nourrir. Voilà ce qui a provoqué la crise grecque, qui vient en effet de très loin. Ainsi, après avoir obtenu de l'argent et avoir été admis dans la CE en présentant des comptes falsifiés, ils ne veulent pas faire les réformes qui s'imposent. Voilà ce que nous savons tous, et que Tsipras semble ignorer et ne pas comprendre. Et bien moi, je renouvelle des propositions que je vous ai déjà faites. Nous allons organiser un référendum dans chaque pays de la CE, pour demander au citoyen européen s'il est d'accord pour laisser l'euro aux Grecs. Puis, après, un autre pour demander si les peuples européens veulent les garder dans la CE. Puis, après, un autre pour demander aux peuples européens s'ils veulent continuer à payer des impôts pour donner aux Grecs l'argent qu'ils demandent. Puis, après, un autre pour demander s'ils veulent que les Grecs nous rendent l'argent qu'ils nous ont déjà coûté, plus les frais pour envoyer à chaque citoyen européen le mandat par lequel on le rembourse. Evidemment, pendant que nous célèbrerons ce chapelet de référendum à la gloire de la démocratie et de la Grèce, il ne sera pas question de donner le moindre centime à ce pays, car ce serait anti-démocratique, avant de connaître la réponse du citoyen européen à toutes ces questions."

La dernière fois, j'ai même rajouté qu'on pourrait en célébrer un de plus, pour demander si le citoyen européen veut envoyer Tsipras en prison pour le mal qu'il a fait à son peuple, qui va devoir payer de ses souffrances les dégâts que l'attitude de son chef bien aimé a déjà provoqués sur l'économie de son pays. Et tout à fait entre nous, si jamais nous sauvons la Grèce en  accordant, même partiellement, ce que veulent ses habitants et leurs gouvernants sans les réformes, nous ne sauverons rien du tout. Bien au contraire, nous nous préparons un très mauvais futur, car sans les réformes mettant fin à leur système, nous devrons les nourrir pour les siècles à venir, et les autres Etats membres ne se verront plus obligés de respecter les règles communes, et ce sera la fin de l'Union Européenne. Et n'oublions pas qu'en économie, on part du principe que quand on a perdu de l'argent dans une affaire, il faut accepter de le perdre une bonne fois pour toutes, pour éviter d'en perdre encore davantage.

Je me demande si, par hasard, Coluche n'avait pas raison quand il disait: "Il paraît qu'on est cernés par les cons. C'est vrai, mais on se rend pas compte à quel point.

Régis Ducon Lajoie la Marée Monte