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Régis Ducon Lajoie la Marée Monte
22 octobre 2015

Amis et ennemis

Vous êtes au courant? Il y a un Danois qui s'appelle Flemming Jensens et qui nous a écrit un beau petit livre dans lequel il explique merveilleusement que la guerre en Iraq a coûté dans les trois mille millards de dollars, hors TVA. Selon lui, ceux qui ont mené cette guerre auraient pu faire de sérieuses économies soit en soudoyant Saddam, soit en soudoyant le peuple iraqien, ce qui aurait épargné également de nombreuses vies humaines. En résumé, ce cher Flemming prétend qu'on aurait pu offrir des sommes fabuleuses à Saddam, ou une machine à laver, un aspirateur, un grille pain, une machine à café et je ne sais plus quoi à chaque Iraqien, ce qui aurait coûté six millards de dollards, soit une économie de 2 994 millards. Et hop! Avec ça, tout le monde aurait été content, Saddam serait devenu un gentil monsieur, et les Iraqiens auraient adoré les Américains et le monde entier. C'est mignon comme tout, mais on dirait quand même du Tintin et Milou, et si des gens imaginaient que Flemming devrait s'appeler Régis Ducon, comme le con que je suis, ça ne m'étonnerait pas. D'autant plus qu'il a l'air de le faire exprès, alors que chez moi, c'est naturel.

Quand j'ai un ennemi, il est évident que si je suis bon et généreux à son égard afin qu'il devienne un ami, cela vaut mieux que de lui faire la guerre, car un ami sincère est de loin préférable à un ennemi vaincu, certes, mais qui reste un ennemi. D'autant plus que la guerre risque de coûter beaucoup plus, et qu'on ne peut jamais être sûr de la victoire. Oui, mais nous savons tout autant que je peux très bien être aussi aimable que possible et couvrir mon ennemi de mes bienfaits, sans qu'il cesse d'être un ennemi mortel. Et puis, sans m'occuper pour l'instant de Saddam, je demande comment pourrais-je accepter l'inacceptable, sous le prétexte que je suis un pacifique qui cherche à amadouer mon ennemi? Et, ce n'est pas un scoop, il y a des cas ou mon ennemi veut bel et bien me l'imposer, l'inacceptable. Souvenons-nous qu'après avoir cédé à tous les caprices d'Hitler, et fini par signer le traité de Munich pour sauver la paix, Chamberlin déclara qu'on avait fait des concessions mais que, grâce à ce traité, la paix était assurée pour les cents prochaines années. Ce à quoi Churchill répondit: "Vous aviez le choix entre la guerre et le déshonneur, vous avez choisi le déshonneur, et vous aurez quand même la guerre." Je ne prétends pas pour autant que la situation était la même avec l'Iraq, ça va de soi, mais j'essaye de faire comprendre que les pacifistes qui étaient prêts à tout accepter pour éviter la guerre avec Hitler, voyant le monde comme ils le pensaient, au lieu d'accepter de le voir tel qu'il était, étaient disposés à vendre leur âme au diable au nom du pacifisme, ce qui nous fit avoir la guerre que vous savez. Et avec l'Iraq, là encore, il se pourrait bien que des Régis ou des Flemming refusent de voir ce qu'était la réalité, parce qu'ils préfèrent s'en tenir à ce qu'ils en pensent. 

Tous les cadeaux de la terre auraient-ils pu mettre fin aux divisions et conflits internes qui couvaient en Iraq? La création de l'Etat d'Israël qui a emputé le territoire des habitants de ces régions, et les conséquences que cela implique auraient disparues? Peut-être pas. Les uns et les autres auraient très bien pu camper sur leurs positions, et peut-être trouver le moyen d'estimer qu'ils étaient lésés lors de la distribution de ces cadeaux, dont bon nombre aurait pu être détourné, ou volé, ce qui aurait pu envenimer une situation déjà envenimée. Et comment fait-on pour croire que Saddam serait devenu un véritable ami, sincère et dévoué? Est-ce que, au contraire, il n'aurait pas profité des cadeaux et autres faveurs, pour se procurer ces fameuses armes de destruction massive qu'on pas trouvées? A propos, il faudrait peut-être comprendre que la preuve de leur existence n'a pas été apportée, certes, mais la preuve de leur inexistence ne l'a pas été davantage. La seule preuve qu'on nous présente, c'est qu'on n'a rien trouvé. C'est à dire qu'on nous présente une absence totale de preuve, comme un preuve absolue. Mais que ces armes aient, ou n'aient pas existé, ce que nous ne saurons problement jamais, il y avait bien d'autres raisons, bonnes ou mauvaises, de faire la guerre à l'Iraq. Nombreux sont ceux qui affirment que cette intervention a alimenté le terrorisme et destabilisé toute la région. Ces gens n'auraient-ils pas la mémoire un peu courte, ou ne ferment-ils pas les yeux de manière à ne voir que ce qu'ils veulent voir? 

Lorsque les avions s'écrasèrent sur les tours du World Trade Center, les Américains avaient-ils déjà débarqué en Iraq? Peut-on prétendre que c'est à cause de cette affaire iraqienne que des attentats ont été perpétrés contre les USA pendant les années qui l'on précédées? Peut-on également prétendre que c'est à cause de cette guerre en Iraq que pendant des décennies la précédent, certains millieux islamistes ont organisé de nombreux réseaux terroristes sur les cinq continents? Quant à ce qui se passe dans des pays arabes secoués par des turbulences sanglantes, nous pouvons également observer, là encore, que c'est le résultat d'une situation bien antérieure à la guerre iraquienne et dont les causes sont a chercher avant tout dans ces pays, bien plus que de l'autre côté de l'océan, même s'il est vrai que nous sommes tous responsables d'une manière ou d'une autre, du fait que nous sommes tous interdépendents. Je pose là des questions auxquelles il ne serait sans doute pas mauvais de répondre si nous ne voulons pas trop nous égarer. Et après y avoir répondu, il ne faudrait sans doute pas s'empresser d'oublier les réponses. Donc, vive Flemming, vive Vous et Moi, mais gardons les propositions de ce brave Flemmind dans les livres, car si nous appliquons ce qu'il préconise chaque fois qu'on doit régler une situation conflictueuse,  nous pourrions très bien faire les dépenses qu'il propose, et avoir quand même la guerre.

Je me demande si, par hasard, Coluche n'avait pas raison quand il disait: "Il paraît qu'on est cernés par les cons. C'est vrai, mais on se rend pas compte à quel point."

Régis Ducon Lajoie la Marée Monte                                   

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