Oui, mais si, mais non, ou alors.....

Vous êtes au courant? Le 25 11 2015, entre 22 heures et minuit, une madame porte-parole du PSOE (parti socialiste espagnol), est venue parler dans mon poste de télévision sur la chaîne espagnole RTVE 24H. Quand on lui demanda quelle est la position de son parti en ce qui concerne l'envoi de troupes au Moyen-Orient, elle répondit que le PSOE est favorable à l'envoi de troupes là-bas pour lutter contre Daesh, mais que ce serait une erreur d'envoyer des troupes maintenant. Selon elle, il faut commencer par mettre fin au trafic du pétrole qui leur rapporte tant, et il faut mener à bien tout un tas d'actions politiques et des trucs que je n'ai pas compris, car elle en a tellement dit, que je m'y suis perdu. Mais j'ai quand même eu l'impression que c'était très intelligent. Par contre, c'est seulement après avoir fait tout ça, qu'on pourra envoyer des troupes combattre Daesh et compagnie. Et ça, je l'ai bien compris. Vous voyez bien, que je ne suis pas si bête. Et il se trouve que des membres éminants de nos maîtres à penser français nous tiennent un discours proche de celui de cette belle madame. Non?  

Un journaliste aux cheveux blancs qui commencent à se faire rares sur le devant, aux yeux bleus et à la voix éraillée, apparemment peu convaincu, eut alors l'outrecuidance de demander à cette belle madame, de lui citer une seule action politique qui permettrait de venir à bout de cet Etat terroriste, sans envoyer des troupes là-bas. Et, déjà ébloui que j'étais par sa beauté, je fus encore plus ébloui pas sa réponse, lorsqu'elle déclara qu'il faut commencer par les priver des ressources financières que leur rapporte le pétrole et, en plus, elle a répété ce qu'elle avait dit juste avant, et le jouranliste dut se contenter de cette réponse. Oui, j'ai compris, mais lorsque des gens de droite, de gauche, du centre ou d'ailleurs, en France comme en Espagne ou dans d'autres pays, font de telles affirmations, ils n'expliquent pas comment ils font ça. Et moi, je le demande comment ils pensent faire ça! Est-ce qu'on envoie les chars attaquer les pays qui achètent du pétrole au marché noir, ou va-t-on dans ces pays arrêter pour les mettre en prison les citoyens qui en achètent? Non? Alors comment? On leur dit qu'ils ne doivent plus le faire et ils ne le font plus? Et même comme ça, vous croyez que ça pourrait suffire? C'est bien connu, quand il s'agit de marché noir, dès qu'on ne peut plus vendre d'un côté, on trouve toujours à vendre de l'autre. D'autant plus que les gens de la région se trouvant sous le contrôle de ces terroristes, puisqu'ils ont besoin de rouler, eux aussi, sont les premiers clients de ce marché. Ce qui fait déjà dans les huit à dix millions millions de clients.   

Je ne sais pas si il faut envoyer des troupes en Syrie et en Iraq maintenant, ou plus tard, ou jamais, mais je sais que si nous ne détruisons pas ceux qui ont juré de nous détruire, ils nous détruiront. Et je sais aussi que les spécialistes prétendent que nous n'y arriverons pas sans envoyer des troupes au sol pour les combattre. Ce journaliste aurait pu répondre à cette madame que, pour commencer à priver à coup sûr l'Etat Islamiste des ressources financières qu'il tire du pétrole, le plus efficace serait certainement d'aller là-bas, de s'emparer des puits de pétrole et de contrôler le trafic routier pour empêcher la contrebande. Et puis, comme le pétrole ne procure qu'une partie des leurs ressources financières, il serait également plus efficace d'envoyer des troupes pour les empêcher de lever l'impôt sur une population de huit à dix millions d'habitants. 

On pourrait encore répondre à cette dame que les gens de son parti, en nous disant qu'il faut y aller, mais qu'y aller est la dernière chose à faire, sont en train de nous dire qu'il faut y aller, mais sans y aller, tout en y allant quand même, pourraient apparaître, aux yeux de mauvais esprits, pour de gros malins qui font de l'électoralisme, à la veille des élections qui se préparent en Espagne. A moins que ce soit de l'incompétence? Ou quoi d'autres? Pendant ce temps, Rajoy et ses amis du PP déclarent que le France peut compter sur le soutien de l'Espagne, mais qu'aucune décision n'est prise, et qu'il faut être prudent. Pour ma part, si vous n'y voyez pas d'inconvénient, j'ajouterai que le PP est en effet très prudent dans ses propos, de peur de perdre des voix, ce que ceux du PSOE dénoncent comme de l'électoralisme, alors que ceux du PSOE disent eux-mêmes clairement, comme je viens de l'expliquer, qu'il faut envoyer des troupes espagnoles là-bas pour vaincre Daesh, uniquement quand on aura vaincu Daesh sans y aller. 

Pendant ce temps, François II de Hollande produit des efforts méritoires pour obtenir l'aide des puissances occidentales solidaires, dont les ténors déclarent que c'est tout le monde libre qui est attaqué, et que l'Etat français faisant partie de l'Etat Européen, c'est l'Etat européen qui doit riposter, avec tous ses Etats membres. Et, vous l'avez certainement déjà remarqué, ils se lancent dans la lutte sans hésitation, mais en prenant bien leur temps et en tergiversant, en s'occupant avant tout de leurs petites préoccupations quotidiennes, de leurs mesquines luttes internes et de leur intérêt personnel, comme les représentants de la classe politique espagnole. Pablo Iglésiais, de podemos, a même déclaré courageusement: "L'engagement de troupes espagnoles signifie que des soldats espagnols pourraient revenir dans une caisse en bois. Il faut donc faire attention." Ainsi, tandis que les troupes de Daesh souhaitent mourir au combat, nous avons des sommités politiques européennes qui, au cas où nous ne le saurions pas, nous expliquent que quand on fait la guerre, on risque d'avoir des morts. Et si on ne la fait pas, on n'aura pas de victimes? Avec ça, hélas, vous avez compris qui va la gagner, cette guerre. Non? 

Je ne sais plus quel personnage politique français a dit: "Ne comptez pas sur la classe politique pour résoudre vos problèmes, ce sont ses membres qui les créent." 

Je me demande si, par hasard, Coluche n'avait pas raison quand il disait: "Il paraît qu'on est cernés par les cons. C'est vrai, mais on se rend pas compte à quel point."

Régis Ducon Lajoie la Marée Monte