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Régis Ducon Lajoie la Marée Monte
22 décembre 2015

L'ingouvernabilité guette l'Espagne

Vous êtes au courant? Les Espagnols viennent de voter et c'est le PP (Parti Populaire) qui a gagné ces élections. Oui, mais avec la constitution espagnole, que ce soit au niveau local, ou national, il ne suffit qu'un parti gagne les élections pour qu'il puisse gouverner. Pour qu'un parti politique puisse gouverner en Espagne, il doit obtenir la majorité absolue. Quand ce n'est pas le cas, le vainqueur doit former un gouvernement de coalision avec ceux qui les ont perdues, les élections, et gouverner avec eux, ou les laisser gouverner, avec lui. Vous voyez ce que je veux dire? Et si les vaincus décident de se coaliser, ce sont ces partis qui ont perdu les élections qui parviennent à gouverner ensemble, tant bien que mal. Que les partis qui ont perdu les élections puissent gouverner, tandis que le parti qui les a gagnées se trouve dans l'opposition, paraît bizarre. Non?

Non, vous diront les partisans de la proportionnelle. C'est plus démocratique, parce que cela oblige à négocier, à trouver un consensus. Et vous, les Français, vous me direz que ce que font les Espagnols et leur constitution, ça vous laisse froid. Ce à quoi je répondrai que si vous écoutez les discours que vous tiennent certains, entre autre au FN, nous avons chez nous des partisans de ce genre de constitution avec des élections à la proportionnelle. Et par le passé, chez nous, cela à conduit à l'ingouvernabilité totale, comme cela risque de se produire en Espagne. Et ça nous a coûté très cher, à nous le peuple. Et le con que je suis ne voit pas comment un système qui conduit à l'ingouvernabilité est plus démocratique, à moins qu'on me démontre que l'ingouvernabilité est démocratique. 

Les défauts de la constitution espagnole ont été jusque-là compensés par le "bi-partidisme", mais ce "bi-partidisme" n'a jamais été institué, puisque le nombre de partis existants en Espagne était supérieur à deux, et que la création de nouveaux partis politiques était possible dans ce pays. En fait, les électeurs votaient massivement tanôt pour le PSOE, tantôt pour le PP, et n'accordaient que très peu de voix aux autres partis. Et rien d'autre! Si bien qu'en l'absence de "bi-partidisme" les voix perdues par les deux principaux partis déjà existants, plus la création de nouveaux partis, le partage des voix entre un plus grand nombre fait diminuer la possibilité, pour les uns, comme pour les autres, d'obtenir la majorité absolue. Du coup, aucun des partis politiques n'a vraiment de chance de pouvoir gouverner selon son programe électoral. Et comment voulez-vous que ceux qui veulent faire augmenter le pouvoir d'achat des pauvres en diminuant les impôts, puissent le faire en se mettant d'accord avec ceux qui veulent faire augmenter le pouvoir d'achat des pauvres en prélevant plus d'impôts, pour donner de l'argent aux pauvres?! On les baisse et on les augmente en même temps? Et comment voulez-vous efficacement gouverner avec des gens qui veulent le rétablissement de la peine de mort, et ceux qui y sont opposés?! On négocie, on se met d'accord? Est-ce à dire qu'on rétabli la peine de mort à moitié, en condamnant les condamnés à mort à moitié, et en les exécutant à moitié? Si seulement il n'y avait que cela! N'oublions pas qu'il y a de nombreux domaines où il faut trancher rapidement, si on ne veut pas aller à la catastrophe.

Notre constitution n'est pas satisfaisante mais, bien ou mal, elle permet de gouverner le pays. Le pire, c'est de ne pouvoir le gouverner quand il est urgent d'agir. Non seulement nous ne devons pas retourner vers ce qui guette l'Espagne, mais nous devons améliorer notre système représentatif en y incorporant une part de démocratie directe dans le genre de ce que je préconise régulièrement sur ce blog. Avec une part de démocratie directe dans notre constitution, le pays serait enfin gouverné selon la volonté du peuple, et le contribuable ferait de sérieuses économies. Dans le cas où les Espagnols s'en inspireraient, peut-être cela leur permettrait-il de résoudre le problème qui se pose à eux. Si vous n'avez pas encore découvert ce que je propose à ce sujet, fouillez dans ce que j'ai écrit. Ne vous gênez pas, c'est gratuit.

Je me demande si, par hasard, Coluche n'avait pas raison quand il disait: "Il paraît qu'on est cernés par les cons. C'est vrai, mais on se rend pas compte à quel point."

Régis Ducon Lajoie la Marée Monte             

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