Mattarella

Vous êtes au courant? Les Italiens ont un président de la république, comme nous. Bien entendu, comme le notre, il présente ses voeux de bonne année au peuple. Et ces Italiens nous copient tellement que, comme le notre, leur président de la république bien aimé accompagne ses voeux d'un beau discours. Beau discours que je me suis permis de suivre avec intérêt et respect. C'est ainsi que j'ai, entre autres choses, entendu il signore Mattarella déclarer que l'évasion fiscale a atteint 122 milliards en 2015, et qu'avec ces 122 milliards, l'Italie pourrait créer un nombre de postes de travail tellement énorme, qu'il n'a pas réussi à tenir dans ma mémoire.

Ce que n'a pas dit Mattarella, c'est comment il va récupérer ces milliards qui s'évadent. Or, si ce n'est pas pour les récupérer, je ne vois pas à quoi ça sert de parler de ces milliards. A part, peut-être, pour faire du bruit avec la bouche? Quant aux postes de travail que l'Italie pourrait créer avec cet argent, il n'a pas dit non plus ce que serait ce travail et ce qu'il rapporterait. C'est pourtant important, du fait que si ces postes de travail devaient coûter 122 milliards au lieu de rapporter de l'argent, on se demande à quoi ça servirait de les créer. Probablement à rien car, si jamais ces milliards étaient récupérés, il suffirait et de les distribuer à ceux qui n'ont pas de travail, pour leur procurer un bon salaire, sans les obliger à travailler. Avec un bon salaire sans travailler, ils seraient nombreux à se consoler de ne pas avoir à fournir un travail pénible pour obtenir leur salaire. Vous ne me croyez pas? Si c'est le cas, vous m'étonnez! 

Mais si jamais il signore Mattarella sait comment, avec 122milliards, il pourrait créer ce grand nombre de postes de travail d'une manière qui rapporterait de quoi rembourser ces 122 milliards, en payant des intérêts suffisants pour compenser l'inflation et financer les coûts de fonctionnement de l'organisme financier privé, ou d'Etat, intervenant dans cette opération, et qui laisserait un bénéfice, quand bien même s'agirait-il d'un tout petit bénéfice, je ne comprends pas pourquoi il se retient. En effet, dans ces conditions, il est facile pour un pays comme l'Italie, d'emprunter 122 milliards à un taux interressant. Donc, Mattarella peut tout de suite créer ces postes de travail, ce qui fera diminuer le nombre de chômeurs en Italie, améliorera les conditions de vie de nombreux Italiens et fera augmenter les recettes de l'Etat. Et tout le monde sera d'accord pour admettre que plus de recettes fera diminuer les déficits d'une manière salutaire, et n'empêchera même pas Mattarella d'essayer de récupérer tous ces milliards qui s'évadent. 

Mais, j'en ai peur, il se pourrait que les élus et autres politiciens et politicards italiens soient tellement semblables aux notres, que Mattarella n'ait parlé de ces milliards qui s'évadent et de ces postes de travail, que pour meubler un beau discours.  

Je me demande si, par hasard, Coluche n'avait pas raison quand il disait: "Il paraît qu'on est cernés par les cons. C'est vrai, mais on se rend pas compte à quel point."

Régis Ducon Lajoie la Marée Monte