Avant mille ans

Vous êtes au courant? Si je me souviens bien, c'est le grand physicien britannique Higgins qui prétend que, au train où vont les choses, la terre ne résistera pas plus de mille ans. Par conséquent, précise-t-il, si on veut sauver l'humanité, il faut se dépêcher de conquérir l'espace, car c'est sur une autre planète que nos descendants trouveront le salut. Et là, on voit tout de suite que nos élites, grâce à leurs connaissances démesurées et leur cerveau surentraîné, savent trouver des solutions compliquées, qu'on ne peut trouver que si on a des connaissances démesurées, et un cerveau surentraîné.

Dès que la poussée démographique d'un pays diminue, quelqu' en soit la raison, on crie au malheur, au désespoir, à cause du viellissement de la population que cela suppose, et parce que la génération active n'arrivera pas à subvenir aux besoins de ses vieillards. De la même façon, dès qu'on vend moins de voitures, dès qu'on construit moins de maisons, en un mot comme en cent, dès qu'il y a le moindre ralentissement de l'activité économique, ou seulement moins de croissance, on crie tant et plus à la catastrophe. Or, de toute évidence, plus il y a de poussée démographique et de croissance économique, plus on accélère le procéssus de destruction de la planète, même si c'est avec le prétendu développement durable car, si on n'arrête pas la poussée démographique, inévitablement, nous finirons par avoir un habitant au mètre carré sur toute la planète, ce qui est insoutenable. Et que trouve-t-on comme parade à cette destruction programmée? Stopper la poussée démographique, pour que le taux de développement économique par habitant soit compensé par une diminution du nombre d'habitants? Non! Nos génies proposent de changer de planète.

En fait, nous n'avons fait aucun progès depuis Christophe Colomb. Etant donné qu'en ce temps-là, les moyens techniques étant ce qu'ils étaient, la ruine et la famine sévissaient sur le vieux continent saturé, on se lança sur les mers, à la recherche de nouvelles terres offrant les ressources épuisées chez nous, comme Higgins propose aujourd'hui de se lancer dans l'espace, à la conquète de nouvelles terres. C'est bien mais, jusqu'à maintenant, dans l'espace, nous ne connaissons que des planètes mortes, et rien ne prouve que nous en trouverons d'habitables au cours de mille prochaines années. Nous ne savons même pas si de telles planètes existent dans l'univers. Donc, s'ils s'agit de s'installer sur une, ou sur plusieurs planètes mortes qu'on aménage pour que la vie humaine y soit possible, pourquoi ne pas faire tout simplement l'effort de ne pas détruire notre bonne vieille terre? D'autant plus que l'un n'empêche pas l'autre. Certes, il se pourrait que la terre soit détruite à cause d'un phénomène naturel échappant à notre contrôle, mais si nous faisions l'effort de la conserver en harmonisant le nombre d'humains ayant une activité qu'elle puisse supporter sans dommages, la survie de l'humanité et des autres formes de vie que nous connaissons ne serait pas plus aléatoire, bien au contraire. N'est-ce- pas?

Et c'est moi, avec mon petit cerveau de Ducon Lajoie, qui suis obligé d'expliquer ça, parce que les grands cerveaux de ce monde n'ont pas l'air de le comprendre! C'est pourtant simple! Non? 

N'oubliez pas de lire le texte que j'ai intitulé: Le vieux journal 

Je me demande si, par hasard, Coluche n'avait pas raison quand il disait: "Il paraît qu'on est cernés par les cons. C'est vrai, mais on se rend pas comte à quel point."

Régis Ducon Lajoie la Marée Monte