Je suis méchant

Vous êtes au courant? Je suis méchant. La preuve en est que je fais énormément de peine à beaucoup de pauvre monde. Vous ne me croyez pas? Pourquoi vous mentirais-je? D'ailleurs si vous lisez ce que j'ai écrit il n'y a bien longtemps sur Poutou et sur Mélenchon, bien que ce soit un peu pour rire en les taquinant, vous verrez que ça fait beaucoup de peine aux nombreux camarades qui suivent ces messieurs et boivent leurs paroles comme un nectar salvateur qui va les sauver de leur triste sort, car triste sort il y a en effet pour certains. Et moi, le tout petit moi que je suis, j'ose expliquer que quand il pleut, il tombe de l'eau, ou des bêtises de ce genre, qui sont en contradiction avec ce que nous expliquent le grand Mélenchon et le petit Poutou. Après ça, comment voulez-vous que des gens ne me haïssent pas? D'autant plus que j'ai l'outrecuidance d'insister en ajoutant que nos dirigeants étant issus de la classe politque, il vaudrait mieux que les membres de notre classe politiques soient honnêtes et compétents, ce qui pourrait donner à penser que je nourris quelques doutes quant à leur honnêteté et leurs comptences. Oui, je le reconnais, je suis méchant. Et bête, avec ça.  

Tellement bête que j'ai cru que, dernièrement, le Mélenchon avait déclaré en se dressant haut sur ses ergots, que les actionnaires doivent rendre son argent au peuple. Or, j'ai découvert depuis que ce n'est pas du tout ça. En fait, c'est une dame qui l'avait écrit sur la pancarte qu'elle portait pendant qu'elle assistait à une de ces représentations que, comme ses rivaux, Mélenchon donne et au cours desquelles il déclame de beaux discours. Du coup, moi, pauvre con de Régis Ducon Lajoie la Marée Monte, je me suis cru obligé de faire de la peine à ces braves gens qui suivent le Mélenchon, en écrivant que le grand Mélenchon qui veut gouverner la France, ne connaît même pas le cours maternelle première année de sciences économiques. A moins, insistai-je, qu'il le connaisse, le comprenne, mais soit assez malhonnête pour nous raconter des bobards. Oui, j'ai écris ça, ce qui aurait pu faire énormément de peine aux partisans dévoués de Mélenchon mais, par chance, je ne l'avais pas encore publié lorsque j'appris qu'il n'a pas dit que les actionnaires doivent rendre son argent au peuple, et que c'est une de ses admiratrices qui a porté haut cette formule sur son étandard. 

C'est donc cette dame qui ne sait ce qu'est un actionnaire, et Mélenchon ferait bien de l'enseigner à ses troupes, parce que de mauvais esprits pourraient croire qu'il n'en sait pas plus que cette dame, ou que c'est le seul électorat qu'il arrive à convaincre. Pour commencer, conseillons-lui de leur faire comprendre que pour résoudre une équation, il faut la ramener à son expression la plus simple, et qu'il faut faire la même chose pour comprendre n'importe quel sujet, sutout quand il a l'air compliqué. Ainsi, le Mélenchon dira que si vous voulez créer votre entreprise pour avoir un bon travail bien payé et pour être votre patron, vous aurez besoin d'argent. Oui, mais il vous suffit d'emprunter les fonds dont vous avez besoin à une banque ou à tout autre organisme financier. De même que le boulanger ne demande qu'à vous vendre du pain, à la condition que vous le payiez à un prix siffisant pour financer ses coûts de production et pour qu'il gagne sa vie en faisant son métier, les organismes financiers ne demandent qu'à vous prêter de l'argent, à la condition d'avoir la garantie que vous allez le rendre dans des délais raisonnables, en payant des intérêts suffisants pour compenser l'inflation et pour financer le travail qu'ils fournissent. Dès que vous aurez monté votre entrprise grâce à ce financement, vous serez le seul actionnaire de votre entreprise et, quoi qu'en disent des gens de la même obédience que Mélenchon, je ne vois pas quel argent du peuple vous devrez rendre au peuple. Et j'adorerais que Mélenchon explique ça lors d'une de ses représentations. Pas vous?

Mais, lui répondrez-vous, vous ne pourrez peut-être pas obtenir tout seul l'argent dont vous avez besoin pour monter votre entreprise. Dans ce cas, poursuivra-t-il, vous devrez demander à un ami ou à un inconnu de s'associer avec vous. Si jamais la somme apportée par votre associer représente 10% du capital dont vous avez besoin, vous n'aurez qu'à vous verser un salaire pour le travail que vous allez effectuer dans cette entreprise que vous créez, et quand vous aurez touché votre salaire, que vous aurez payé les autres employés, les charges sociales, les diverses taxes et impôts, le petit pourcentage restant sera le bénéfice net, que vous partagerez avec votre associer. Vous l'aurez compris, cet associer est actionnaire de cette entreprise, et comme vous avez participé au finacement, vous en êtes un autre. De ce fait, comme vous, il partagera les risques et le bénéfice, soit, dans ce cas, 10% de ce bénéfice net, tandis que vous garderez 90% de ce bénéfice net. A moins que ce soit votre associé qui apporte 90% et vous 10% du capital nécessaire pour créer cette entreprise. Mais, attention, sur ce bénéfice net, l'Etat prend encore une très grosse part. Si bien qu'après avoir tout payé, y compris pour des entreprises réalisant un bénéfice brut de 100 à 300%, il y en a dont le bénéfice net est largement inférieur à 2%. Et même quand ce bénéfice est supérieur à 10, 20, 30%, je ne vois toujours pas où est l'argent du peuple que les actionnaires doivent rendre au peuple, et que l'admiratrice de Mélenchon veut que les actionnaires rendent au peuple.

Au contraire, que votre entreprise compte 1, 10, 100, ou 100 000 actionnaires, ou des millions d'actionnaires, c'est grâce à l'argent qu'ils ont mis dans une entreprise que cette entreprise existe, paye des impôts, des cotisations sociales, et procure un travail à ses employés qui, à leur tour, payent des impôts sur le revenu qu'ils ont grâce à cette entreprise, ainsi que des cotisations sociales. Donc, non seulement je ne vois pas où la copine de Mélenchon voit cet argent du peuple que les actionnaires doivent rendre au peuple, mais je vois que le peuple en reçoit beaucoup grâce à eux, sous forme de salaires, mais aussi en acquis sociaux. Tout cela en échange du travail fourni par les camarades citoyens, certes, mais grâce à l'argent que les actionnaires risquent dans les entreprises qui n'existeraient pas sans eux. Et là, mes bien chers frères, mes bien chères soeurs, et les autres, si le Mélenchon qui donne des leçons à tout le monde du haut de sa grandeur veut gouverner la France, il ferait bien d'enseigner tout ça à cette madame, et de lui demander d'acheter des actions de manière à créer des emplois pour elle, et pour les autres. Grâce aux emplois créés et aux recettes de l'Etat qui augmenteront alors grâce à elle, le Mélenchon pourra faire le beau et gaspiller cet argent lorsqu'il sera notre président bien aimé de notre République bien aimée. 

Ce qui fait le plus peur, c'est qu'il faut que ce soit un Régis Ducon Lajoie la Marée Monte qui explique des choses aussi simples, parce que personne d'autre ne semble les savoir. Pire encore, n'en doutons pas, nombreux seront ceux qui prétendront qu'ils ont une autre opinion, alors que, à part en ce qui concerne les doutes que j'émets sur Mélenchon et une partie de ses troupes, il n'y a aucune opinion dans ce que je viens d'expliquer. En lisant bien le texte qui précède, tout le monde, y compris le plus ignorant dans ce domaine, peut comprendre ce qu'est vraiment un actionnaire, sauf ceux qui ne le veulent pas, et préfèrent opposer des opinions n'ayant aucun rapport avec la réalité, à des faits aussi évidents que quand il pleut, il tombe de l'eau.

Je me demande si, par hasard, Coluche n'avait pas raison quand il disait: "Il paraît qu'on est cernés par les cons. C'est vrai, mais on se rend pas compte à quel point."

Régis Ducon Lajoie la Marée Monte

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Bise