Maisons de retraite

Vous êtes au courant? Le personnel des maisons de retraite n'est pas content. Il veut des moyens. C'est à dire qu'il veut des sous! Et on nous dit bien que c'est une honte que l'Etat français ne paye pas ce qu'il faut pour que nous ayons de bonnes maisons de retraite. Oui, mais des sous, où va-t-on en trouver? C'est l'Etat qui doit payer, nous répondra-t-on!!! Oui, mais où l'Etat va-t-il trouver les sous qu'il faut pour payer, sinon dans notre poche, à vous et moi? Ou, pour reprendre un truc dont j'use et abuse souvent, est-ce que l'Etat possède un puit magique duquel il peut tirer tous les milliards qu'on veut, parce qu'ils s'y reproduisent magiquement?

Figurez-vous que je suis à la retraite depuis déjà un certain temps, parce que je commence à être vraiment vieux et gâteux depuis déjà un certain temps, ce qui signifie que le moment où je ne serais plus capable d'être livré à moi-même, c'est à dire le moment où pour me punir d'avoir vécu aussi longtemps, on m'enverra en maison de retraite, comme on envoie les délinquants en prison, approche de plus en plus. Or, mes bien chers frères, mes bien chères soeurs, et les autres, on m'a pris de l'argent tout au long de ma vie, en me promettant que, grâce à cela, une fois devenu vieux et incapable de m'occuper moi-même, de moi-même, l'Etat allait me prendre en charge et m'offrir une belle petite vieillesse dans une confortable maison de retraite. Et après m'être fait racketté de la sorte pendant si longtemps, ça fait des années que j'entends parler de l'horreur des maisons de retraite, et des mauvais traitements qu'on y inflige aux pauvres vieillards comme celui que je serai bientôt. Pire encore, j'ai vu cela de mes propres yeux lorsque je faisais du bénévolat dans un hôpital que je ne nommerai pas, mais dans lequel il y avait une maison de retraite attenante au service de gériatrie.

Lorsque je protestais, on me disait de m'occuper de ce qui me regardait puis, comme ça ne fonctionnait pas à cause de mon esprit quelque peu limité, on m'affirmait alors que le manque de personnel était la cause de tous les mauvais traitements, (les intelligents, comme les précieuses ridicules de Molière, disent aujourd'hui les maltraitances). Oui, mais ayant travaillé pendant des années dans la restauration et dans l'hôtellerie, je me suis empressé de découvrir le prix des frais hôteliers comptés dans cet hôpital et dans sa maison de retraite. Je ne me souviens plus de ce qu'ils étaient à l'époque, mais je peux vous assurer qu'à ce prix-là, on avait droit à une nourriture de bien meilleure qualité et à une chambre bien plus confortable dans le petit hôtel proche. Et le tout, accompagné d'un service bien meilleurs, alors que les charges imposées à l'hôtelier sont nettement supérieures, et qu'il doit faire du bénéfice. Et en regardant bien, je n'ai pas eu de mal à constater que parmi les dames de service, quelques unes auraient bien eu besoin de faire un stage de formation dans un hôtel-restaurant privé, juste pour apprendre à travailler de manière à ce que le travail produit rapporte au moins ce qu'il coûte.

Mais dès que je voulais dénoncer cela, on me répondait systématiquement que l'hôtel n'offre pas de soins médicaux, et que c'est la médecine qui coûte cher, et que l'hôtel n'a pas les mêmes contraintes et que c'est pas pareil parce que c'est pas la même chose!!! Na! En effet, ce n'est pas du tout la même chose, parce que, à ce prix-là, si le service hôtelier dans un hôtel-restaurant était égal, non pas aux soins, mais au service hôtelier de l'hôpital en question, cet établissement n'aurait  absolument aucun client et ferait faillite en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. A côté de ça, dans l'hôpital où j'ai fait du bénévolat, ainsi que dans d'autres hôpitaux où j'ai moi-même été soigné, j'ai effectivement vu des gens dévoués et efficaces, dont il faut louer la compétence et le dévouement. Il n'en est pas moins vrai que pour les maisons de retraite et les hôpitaux, comme l'a dit Bayrou à propos des prisons, il faut tout mettre à plat en profondeur. Et j'ajoute même avec une audace qui dépasse celle de Bayrou, qu'il faut tout mettre à plat non seulement en profondeur, mais aussi en hauteur. Et il faudrait surtout bien comprendre que ce qui se fait est inévitablement financé par ce qu'on prend sur notre niveau de vie. Par conséquent, au lieu de faire appel à la générosité de l'Etat et de nos politicards qui ne peuvent que nous prendre l'argent qu'ils dépensent généreusement pour nous, et pour eux, il est grand temps d'instaurer la réforme fiscale et la réforme constitutionnelle que vous trouverez dans deux textes qui se trouvent quelque part parmi ceux précèdant celui-ci, et qui permettraient au peuple de décider directement de ce que doivent être nos dépenses de santé, les dépenses consacrées aux vieux, ainsi que toutes les autres dépenses.

Je me demande si, par hasard, Coluche n'avait pas raison quand il disait: "Il paraît qu'on est cernés par les cons. C'est vrai, mais on se rend pas compte à quel point."

Régis Ducon Lajoie la Marée Monte

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Bise