Rien Compris!

Vous êtes au courant? Il y a un monsieur qui n'a rien compris, ou qui ment. Et comme l'un n'empêche pas l'autre, ce monsieur est peut-être bien un menteur qui n'a rien compris à la crise des gilets jaunes. Vous me direz qu'il n'est pas le seul dans ce cas mais, contrairement à lui, les autres n'ont pas tous écrit le livre qu'il a écrit. Ce monsieur, dont j'ai eu l'élégance de ne pas noter le nom, est même venu dans mon poste de télévision, à moi, que j'ai payé avec mes sous, pour faire la promotion de son livre.

Toutefois, avant de taper dessus, il faut commencer par le féliciter, car il explique très justement que, contrairement à ce qui se passe en France, dans de nombreux pays, les syndicats ne sont pas financés avec de l'argent public. Et où ce monsieur a encore tout à fait raison, c'est quand il explique que dans ces pays, les syndicats ont un nombre d'adhérents bien supérieur au nombre d'adhérents qu'ont les nôtres. 

Ce que n'a pas dit ce monsieur, c'est que si un citoyen de ces pays finance un syndicat en achetant sa carte d'adhérent, c'est qu'il est d'accord avec ce que fait ce syndicat, et avec ce que disent ses dirigeants, alors qu'un citoyen français qui n'est pas d'accord avec ce que font et disent nos syndicalistes, doit quand même payer des impôts pour financer des gens avec lesquels il n'est pas d'accord. Y compris quand, en plus de ne pas être d'accord, il se sent, à tort ou à raison, victime d'un syndicat, ou d'un autre, ou de tous les syndicats à la fois. Ce qui est un comble.

Loin de dire cela, ce monsieur a déclaré que les français sont mieux défendus grâce à un dialogue social très fort, et qu'ils ne se syndiquent pas, simplement parce qu'ils savent qu'ils bénéficient de toute façon de l'action des syndicats. Excusez-moi, mais au lieu de parler de dialogue social, je parlerai plutôt d'engueulades et je demanderai où vit ce monsieur. Car moi, je vis en France, parmi la plèbe à laquelle j'appartiens, et je vous assure que les déclarations de ce monsieur quant à la raison pour laquelle les Français ne se syndiquent pas, diverge totalement de ce que j'entens le plus souvent. Par contre, ce que dit ce monsieur correspond tout à fait à ce que prétendent les syndicalistes qui, comme l'admet ce monsieur, ne sont pas nombreux, sont même très peu nombreux, ne sont qu'une minorité.

Ce monsieur qui écrit de si beau livres n'a pas l'air de savoir que les plébéiens, dans de très larges proportions, vous diront qu'ils ne se syndiquent pas et vont de moins en moins aux urnes, parce qu'ils ne font pas plus confiance aux syndicats qu'à la classe politique, qu'ils mettent dans le même sac. Je rapporte évidemment cela en des termes édulcorés de bon aloi, car ils déclarent plutôt dans un language très cru, que ce sont tous des homosexuels passifs. Vous voyez ce que je veux dire? Si vous ne me croyez pas, vérifiez, et vous comprendrez alors le mouvement des gilets jaunes, que le monsieur qui a écrit le livre dont il est question ici n'a pas compris, lui qui reprend à son compte ce que déclarent les syndicalistes. Et que, apparemment, la classe politique et nos analystes n'ont pas davantage compris, à moins qu'ils mentent, ou les deux à la fois. Ce qui nous promet, hélas, un futur mouvementé et onéreux, car cette incompréhention mènera inévitablement à de nouvelles crises des gilets jaunes, ou à autre chose dans le même genre, ou pire.

Je me demande si, par hasard, Coluche n'avait pas raison quand il disait; "Il paraît qu'on est cernés par les cons. C'est vrai, mais on se rend pas compte à quel point."

Régis Ducon Lajoie la Marée Monte

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Bise