Prison préventive

Vous êtes au courant? "A l'école, on n'apprend rien, disait Coluche, si vous y étiez allés, vous le sauriez." Il ne faudrait certes pas confondre ce maître du rire, avec un grand penseur à prendre pour modèle en dehors du domaine du rire, mais nous devons bien le reconnaître, il en a sorti quelques unes à retenir. Et, hélas, j'ai peur que la réalité dépasse les affirmations gouailleuses de Coluche. Car vous y êtes allés, à l'école, mais il y a pourtant de quoi se demander ce qu'on vous y a appris. A tel point que dans de nombreux domaines, j'ai l'impression d'être le seul à avoir le niveau de la maternelle première année, et à comprende ce qu'on enseigne à ce niveau. Et je ne voudrais pas non plus avoir l'air de défendre un policier ayant peut-être commis un délit mais, encore plus grave, des magistrats agissent comme si ils ne comprenaient pas le cours maternelle de droit première année, pourtant compréhensible par tous, y compris par les magistrats et par ceux qui sortent des grandes écoles, à la condition qu'ils n'y soient pas restés trop longtemps.

Tout le monde comprend, donc vous comprenez tous, qu'une personne condamnée par la justice est légalement coupable, même quand elle n'a pas commis les faits pour lesquels elles a été condamnée. Et vous comprenez bien que puisqu'elle a été condamnée, ça ne peut pas être autrement, aussi longtemps qu'un tribunal n'a pas corrigé une erreur judiciare, en prononçant un jugement annulant l'injuste condamnation, et ainsi rétabli l'innocence légale de la personne injustement condamnée. Oui, dans ce sens-là, tout le monde comprend, mais dans l'autre sens, vous avez vraiment du mal. On le voit bien à ce qui se dit à travers les médias et aux mouvements de rue, chaque fois qu'une personnalité est mise en examen, ou qu'une accusation défraie la chronique. C'est déjà grave, ça, mais même des magistrats n'ont l'air pas de comprendre ce principe de base. Je vais donc essayer d'aider nos magistrats à comprendre le cours maternelle première année de droit.

De la même manière qu'un condamné est légalement coupable, même quand ce condamné n'a pas commis les faits pour lesquels il a été condamné, toute personne n'étant pas condamnée, voir pas encore condamnée, est légalement innocente, y compris quand cette personne a vraiment commis les faits qui lui sont reprochés. Et y compris quand on a pris cette pesronne la main dans le sac. Et il faut bien que ce soit comme ça, car on peut très bien découvrir après de longs mois d'une enquête difficile et toutes sortes de rebondissements lors du passage des témoins au tribunal, que malgrè les apparences, une personne jugée pour assassinat, avec témoins, preuves apparemment incontestables et images à l'appui, était en fait une victime simplement en train de se défendre. Et si vous avez encore des doutes, étudiez donc tous les cas où des personnes on été condamnées en première instence, et déclarée innocente en appel. 

Par conséquent, on ne devrait pas avoir à l'expliquer, un coupable présumé est tout autant un innocent présumé. C'est à dire qu'on est légalement innocent, aussi longtemps qu'on n'a été condamné. On est légalement innocent, jusqu'à la dernière minute avant le moment où la sentence est prononcée. Voilà ce que signifie la présomption d'inncence dont on parle si souvent. Et c'est bien pourquoi on n'a pas à mettre en prison une personne qui n'a pas encore été condamnée, puisque jusqu'au moment où elle est condamnée, quand cela se produit, cette personne est légalement innocente, et qu'on n'a pas à mettre une personne légalement innocente en prison, sauf....sauf.....sauf quand cette personne pourrait se sauver, ou commettre des crimes, faire disparaître des preuves, et sans doute dans d'autres cas, que je vous laisse le soin de préciser. 

Or, hélas, il semble que des magistrats ne sachent pas ça. Ou alors, qu'ils nous expliquent la raison pour laquelle un policier qui n'a pas encore été condamné, puisqu'il n'a pas encore été jugé, et donc légalement innocent, se trouve en prison. Risque-t-il de tuer ou d'intimider des témoins? Risque-t-il de s'enfuir? Risque-t-il de continuer à diriger un réseau de trafique de drogue? Ou de prostitution? Ou de faire disparaître des preuves? Ou quoi? Si la justice n'est pas capable de présenter une raison sérieuse entrant dans le cadre de la loi, pour justifier l'incarcération d'un policier, il s'agit donc d'une arrestation arbitraire, commise par un juge. Ce juge devrait donc incontestablement être jugé et condamné pour ce délit, comme chaque fois qu'un juge prend une telle décision injustifiable à l'égard d'un policier, ou d'une personne qui n'a rien à voir avec la police, car ce n'est hélas pas un cas unique. D'autres personnes n'ayant pas encore été jugées se trouvent régulièrement incarcérées sur la décision d'un juge, sans qu'aucune raison dans le genre de celles citées plus haut le justifie.

Je me demande si, par hasard, Coluche n'avait pas raison quand il disait:""Il paraît qu'on est cernés par les cons. C'est vrai, mais on se rend pas compte à quel point."

Régis Ducon Lajoie la Marée Monte

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Bise