Les jeunes rentiers

Vous êtes au courant? Il paraît que le nombre de jeunes sans travail est catastrophique. On peut dire que le monde a bien changé. A mon époque, on envoyait les garçons, et souvent aussi les filles, travailler dès l'âge de 14 ans. N'oublions surtout pas que, en ce temps-là, le travail des femmes était physiquement très dur, et celui hommes, encore plus dur. Les activités professionnelles imposant de manier quotidiennement des charges allant de 50 à 100 kilos n'étaient pas rares. Je dirai même que c'était le lot de la plupart d'entre nous. J'ai moi-même, comme beaucoup d'autres, soulevé des charges très lourdes à un âge encore bien tendre. Cela explique d'ailleurs en partie pourquoi les gens de ma génération étaient plutôt petits. Donc, de mon temps, toute la populasse dont je faisais, et fais toujours partie, travaillait, travaillait très dur, parce que le travail ne manquait pas, mais en travaillant au point de suer sang et eau, nous n'avions pas les moyens d'acheter grand chose. La voiture? Pas même en rêve. La télévision? C'était un truc de riches. Tous les machins électroniques avec lesquels on s'amuse de nos jours? Ils n'existaient pas, et auraient de toute façon coûté trop cher. Le vélo, oui, mais pas pour tout le monde. Bien souvent, possédait un vélo ou une mobylette celui qui en avait besoin pour se rendre à son travail, car il fallait se priver pour arriver à payer un engin pareil.

Oui, le monde a bien changé. Nous étions heureux d'avoir du travail grâce auquel nous ne pouvions pas acheter grand chose, tandis que les jeunes actuels sont malheureux de pouvoir s'acheter tout ce que nous ne pouvions pas nous offrir, alors qu'ils n'ont pas de travail. C'est malheureux d'être aussi malheureux que ces pauvres malheureux de jeunes qui, sans travailler, en ont bien plus que nous, qui travaillions si dur. La solution serait de créer les conditions du plein emploi qui ont été détruites dans notre pays par l'action des politicards que nous avons élus pendant des décennies, évidemment. Hélas, la bande à François n'a pas l'air de l'avoir compris.

Mais, heureusement, la gentille Najat Vallaud-Belkacem est là. Elle est gentille et généreuse, cette belle dame puisque, si j'ai bien compris, elle veut donner un salaire aux jeunes qui ont fini leurs études et qui n'ont pas de travail. Et elle doit être drôlement riche pour offrir cela à tant de monde. A ce train, elle va être vite ruinée. A moins qu'elle veuille offrir tout cela généreusement avec notre argent, à nous, les contribuables. Si c'est ça, autant qu'elle sache que, tout à coup, je ne la trouve plus belle du tout. J'aime les gens qui sont généreux avec leur argent, et je déteste ceux qui sont généreux avec l'argent des autres. D'autant plus que la France n'a pas les recettes nécessaires pour financer cette générosité, ce qui veut dire que cela ne pourrait être financé qu'avec la dette, c'est à dire avec l'argent de nos petits enfants. Que c'est vilain, de faire ça! N'est-ce pas, les enfants, que c'est vilain de faire ça?         

Je me demande si, par hasard, Coluche n'avait pas raison quand il disait: "Il paraît qu'on est cernés par les cons. C'est vrai, mais on se rend pas compte à quel point."

Régis Ducon Lajoie la Marée Monte